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| Et finir en balade romantique au coin du feu. | |
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Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Et finir en balade romantique au coin du feu. Sam 26 Avr - 20:11 | |
| Il avait rit à mon annonce pour quitter le toit avant de me répondre sur un ton assez étrange, qui m'avait déstabilisé quelques instants :
- Mais avec plaisir mon petit loup, va, montre moi le chemin de la débauche ! Je suppose qu'il ne suffit pas de choisir un carré de sable au hasard sur les plages de cette île, il faut donc que tu nous guides, conclut-il d'un de ses maintenant habituels clins d’œil. Après vous mon cher !
Décidant de ne pas laisser percevoir mon faible malaise, j'avais décidé de suivre son geste de la main, et avais passé la porte, sans ajouter un mot, seulement un sourire lorsque j'étais passé à sa hauteur. Puis nous avions descendu les marches, silencieusement, comme lorsque nous étions montés. J'avais tracé mon chemin du bout des doigts sur les murs blancs des couloirs aux escaliers, par réflexe, un peu comme un gosse qui se sent obligé de foutre ses mains sur les barres métalliques des portails auprès desquels il passe en courant. Je m'étais tourné à un moment, encore un foutu réflexe, pour vérifier si Caleb était toujours derrière. Mais quelle question, bien évidemment qu'il était derrière, il se s'rait pas volatilisé. Volatile. Un mot qui lui allait vach'ment bien, trouvais-je à cet instant où le mot traversa ma pensée. Plusieurs fois après avoir dépassé les cloisons de l'université, je m'étais retourné pour voir s'il me suivait bien, mais avec la justification cette fois-ci qu'il ne connaissait sûrement pas encore les lieux, et qu'il pourrait se perdre s'il était du genre à s'arrêter sur les vues que nous offrait l'île lorsque nous étions en hauteur. C'était beau, ouais, mais après vingt-deux ans de vie ici, les paysages me semblaient plus que familiers, et les seules choses qui pouvaient m'arrêter en question de vue, c'était les bâtiments tout juste construits, le neuf, ce qui changeait quoi. Y'avait des coins, j'pensais que j'm'en lasserais jamais, mais forcément, avec le temps, tout finit par devenir quotidien et tellement vu, que ça a quand même rejoint le groupe des choses qui ne m'émerveillaient plus. Je voyais Caleb parfois tourner la tête, pour regarder le paysage, supposais-je. Je l'avais attendu un instant avant d'empiéter sur le nouveau territoire sableux. Comme sur le point de conquérir une nouvelle terre, déjà bien connue, mais le vent qui accueillait à cette embouchure précise me faisait toujours cet effet. Je reviens sur c'que j'ai dit plus tôt sur les endroits qui ne m'apportait jamais de surprise : j'aimais voir la mer, et j'aimais sentir le vent de la mer, surtout. Il ne faisait pas encore tout à fait nuit, les combats ne devaient pas avoir encore commencé, ce qui nous laisserait le temps de les trouver. C'était simple : repérer les endroits animés, avec un population de grands gaillards ou de pauvres types méprisants, puis ça sentait bien le coin à bières, les gens bourrés, le feu de bois... Ça allait être cool !
- Nous y voilà, chuchotais-je à l'adresse de Caleb. Ça sent bon tu trouves pas ?, souriais-je de tous mes crocs.
Ouais, on allait passer une bonne soirée, ça allait être animé, et puis entre mecs du combat, on allait bien s'amuser. Ça sentait putainement bon. Je décidais d'ouvrir la marche et ainsi être le premier de nous à fouler le sable. C'que j'aimais pas avec ça, c'était que ça se glissait dans les chaussures, aussi hermétiques pouvaient-elles être. Et je détestais avoir du sable dans mes baskets, mais tant pis, je les enlèverai plus tard. Je marchais quelques pas, et me décidais à les retirer, parce que finalement, je sentais que ça allait me faire chier. Forcément, j'avais pas pris de sac, alors faudrait que je les porte à la main. Ou sinon... J'enlevais mes baskets et mes chaussettes, les calais à l'intérieur puis essayais de trouver une crevasse pour les y cacher, le temps qu'on soit sur la plage quoi. Personne aurait l'idée de voler des baskets trouvées. Je trouvais enfin un lieu que je pensais sûr, et, me relevant, regardais Caleb. Je me dépêchais d'ajouter pour sa gouverne :
- Tu devrais faire pareil, c'est chiant d'avoir du sable entre les semelles et les pieds, puis ça abîme la...peau.
J'avais tenté de rester le plus naturel possible, mais je me détestais de faire ce genre de remarques de mec qui prend soin de sa peau. Déjà, il avait fallu que je trouve dix milles explications pour le noir autour des yeux, parce que ça f'sait rire Kris qui m'disait que j'étais un peu une tapette de me maquiller. Mais c'était pas du maquillage esthétique, merde, c'était plutôt des trucs de guerre, pour avoir un regard qui fait peur quoi. |
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Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Dim 27 Avr - 15:47 | |
| Les paysages défilent, changent au fur et à mesure qu'on s'éloigne de l'université. Peut-être qu'il aurait fallu que j'en profite pour faire un peu de tourisme, mais à vrai dire, les bâtiments, ça m'a jamais beaucoup intéressé. Et puis, histoire de me justifier un peu plus, je me dis que j'aurais largement le temps de flâner dans les rues un autre jour. Ça aussi, ça agaçait mes vieux. Etant donné qu'on vivait dans l'opulence, comme qui dirait, mes parents aimaient beaucoup voyager et me trimbaler dans leurs bagages comme un petit animal de compagnie. Et forcément, ils finissaient toujours par déplorer mon manque d'investissement et de ravissement devant les monuments ayant traversé les âges. Mais que voulez-vous que j'y fasse ? Je suis fait pour régner sur les cœurs, par sur la pierre et le ciment. Alors moi, je profitais de ces voyages pour conquérir les sentiments d'étrangers. J'étais plutôt bon, hein, polyglotte de la drague. Mais d'après mes vieux, on ne peut pas mettre ça sur un Curriculum Vitae. Ils avaient eu l'air tellement hors d'eux quand ils avaient voulu "me remettre dans le droit chemin" qu'ils ne cessaient de bafouiller que je n'étais rien d'autre qu'un débauché et que la prostitution me pendait au nez si je ne me ressaisissais pas. Comme si on ne pouvait rien faire d'autre de moi qu'un bien à vendre. Ils avaient cru me faire peur en m'agitant sous le nez cette menace. Les pauvres. Ils me croient si stupide et fragile. Bien que délicat et habitué au confort comme je l'ai toujours été, je sais pourtant pertinemment que je peux compter sur mes capacités d'orateur pour me faire une place dans la vie. Je suis meilleur qu'eux, haha. En vérité, je ne vois aucune limite à mes possibilités et fort de cette certitude, j'ai ri au nez de mes géniteurs. Mon arrogance a dû les agacer une fois de trop. Me voici sur cette île à suivre les pas d'un loup en quête de baston, pauvre mec blasé en mal d'action, d'amusement et de vie que je suis.
Kell se retourne parfois, comme s'il avait peur que je disparaisse. Je me dis en riant qu'il pourrait certainement craindre qu'une belle diva m'enlève sur le chemin, mais je suis réellement excité à l'idée de cette soirée testostérone, sueur et sang qui se profile à l'horizon, au point que la diva aurait beau être la plus belle et attirante lady du monde, elle ne pourrait me détourner de ma trajectoire. Je ne perds pourtant pas l'occasion de glisser mes yeux sur les formes des demoiselles que nous croisons sur notre route.
- Nous y voilà, me chuchote Kell. Ça sent bon tu trouves pas ?
A ces mots, il sourit d'un parfait sourire de prédateur. Je marque une courte pause pour jauger l'environnement. Le soleil ne s'est encore pas totalement éteint à l'horizon, mais il se rapproche dangereusement de la mer qui roule paisiblement vers le sable. Je me sens vide face à ce spectacle trop serein. Ennuyé, je me détourne de la vue pour reporter mon attention sur mon cher camarade. Il s'engage dans le sable et je le suis, déterminé à ne rien rater. Je sens la tension monter en moi et ce sentiment me fait me sentir plein, vivant. Je respire un grand coup et laisse échapper un sourire narquois. Quelques pas plus loin, Kell s'arrête et commence à retirer ses baskets.
- Tu devrais faire pareil, c'est chiant d'avoir du sable entre les semelles et les pieds, puis ça abîme la...peau.
J'ouvre des yeux ronds avant de m'esclaffer ouvertement. Même pas par moquerie, en fait. Je ne m'attendais pas à ce qu'un type comme Kell balance ce genre de phrase alors qu'on se rend à baston générale. Et les combats, ça n'abîme pas la peau ? Je ricane en me disant que finalement, je suis peut-être le plus bizarre des deux, à jouer les princes toute la journée et aller me castagner à la moindre occasion. L'idée me vient alors qu'il me dit peut-être précisément ça parce qu'il me croit toujours aussi soigneux concernant ma petite personne. Il verra bien si je suis une fillette, ricané-je en mon fort intérieur, l'esprit de compétition ainsi stimulé.
- T'en fais pas pour ma peau, mes conquêtes se feront un plaisir d'en prendre soin quand on reviendra victorieux et cabossés de cette petite fête nocturne, raillé-je.
A vrai dire, je n'ai jamais été très regardant de ce genre frivolité féminine. J'm'en balance bien, je sais parfaitement que je peux me vanter d'avoir naturellement une belle peau. Je ne vois pas pourquoi je me ferais chier à m'en préoccuper, donc.
- Tu penses qu'il y aura déjà du monde ? Je suis curieux de voir comment ça se passe.
J'ai presque parlé pour moi, en disant ça. J'ai dû prendre la mauvaise habitude de parler à voix haute pour attirer l'attention. Je me tourne vers Kell et lui sourit de ce même air insouciant que j'affiche bien souvent, ne sachant pas s'il prendrait la peine de me répondre. |
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Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Dim 27 Avr - 17:12 | |
| Pas la peine de dire que j'l'avais senti rigoler intérieurement. Quel con putain, d'balancer c'genre de choses. Mais bon, j'allais pas m'éterniser dessus, ça s'rait bizarre et j'voulais pas qu'il pense que je faisais attention à ce que j'disais. A ma grande surprise, il ne reprit pas ma dernière annonce, et se contenta de répondre, sarcastique :
- T'en fais pas pour ma peau, mes conquêtes se feront un plaisir d'en prendre soin quand on reviendra victorieux et cabossés de cette petite fête nocturne.
Je serrais les dents. Ce type pensait toujours à la séduction, c'était... Je soupirais et, préférant ne pas y prêter plus attention que je ne le devais, je tournais le visage face au vent, plissant les yeux pour que le sable ne s'y incruste pas. J'doutais encore des capacités à combattre de Caleb, mais il avait pas l'air d'avoir peur, mieux : il avait l'air de savoir ce qu'il s'apprêtait à faire. J'avais pas envie de l'abîmer, j'avais pas non plus envie que les autres ne l'abîment. J'allais devoir faire attention. Et j'sentais que ce serait un poids, de devoir faire attention à ce qu'on lui fasse pas de mal. Généralement, fallait partir dans ce genre de trip seul, ou alors avec des mecs sûrs, pour lesquels on s'inquièterait pas.
- Tu penses qu'il y aura déjà du monde ? Je suis curieux de voir comment ça se passe.
J'entrevois du coin de l’œil Caleb se tourner vers moi. Je savais pas si je devais répondre ou ignorer, j'me demandais comment il s'en sortirait, si j'étais pas derrière lui. En même temps, si j'vois jamais comment il se démerde aux poings, je serais toujours inquiet. "Inquiet". Je pestais. J'savais qu'en lui demandant s'il était sûr de lui, ça lui ferait mal à l'égo. Ou il me dirait quelque chose comme "quoi ? Tu oses douter de mes compétences en kung-fu ?" Hun, c'était pas le bon plan pour m'assurer de ses capacités. Je me tournais vers lui. Peut-être que si j'essayais de lui mettre un coup, là, j'pourrais voir s'il savait un minimum se défendre. L'idée me fit sourire. Mentalement et physiquement, crois-je. J'étais bien tenté. De donner un coup là, pour voir.
- J'sais pas, j't'ai dit que c'était la première fois que j'venais, si ça se trouve...
Je pris un ton dramatique pour terminer ma phrase :
- ...on m'a menti.
La tête un peu relevée, le sourire à moitié tombant, je dévisageais la petite brebis, me demandant encore et toujours si elle se révèlerait être loup, le moment venu. J'avais peur. Que ça se passe mal. Merde, j'étais pas du genre à m'en faire. Mais j'trainais jamais des inconnus à la guerre, aussi. Je reprenais ma marche, lui faisant signe de me suivre de l'index, à l'instar d'un Bruce Lee. Fallait que je le teste, et maintenant, avant que ce ne soit trop tard. Mais, Kell, te voyais-tu lever la main sur Caleb ? J'savais pas comment m'y prendre, et aussi, je marchais, les mains dans les poches, l'air renfrogné. Si je le poussais, ce serait bizarre, et en plus il pourrait se cogner contre un rocher de bord de mer, et ce s'rait d'ma faute. Je me mis à rire, intelligiblement, malgré moi.
- Tu veux pas t'approcher un peu, pour voir ? finis-je par lancer en le regardant, à moitié rigolant, à moitié sérieusement. |
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Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Dim 27 Avr - 18:22 | |
| Est-ce que ça serait un genre de combat réglementé où on ne se tape sur la gueule qu'après le coup de sifflet d'un arbitre gros comme une montagne pour impressionner les vilains ameutés pour de la violence gratuite ? Ou est-ce que ça serait l'anarchie, du chacun pour soi et les beignes dans la gueule pour tous ? La première option me convient mieux, étant plus habitué aux combats réglementés depuis le collège. Je m'étais déjà battu dans la cour ou à la sortie, bien sûr, mais ça n'était pas contre une dizaine d'assaillants, restons honnêtes. J'hausse les épaules. Ça n'importe pas vraiment, au final. Et puis c'est pas comme s'il allait y avoir quelqu'un pour s'inquiéter de mes hématomes et ecchymoses. La seule personne à s'être jamais inquiétée pour moi, c'était ma mère et elle s'était lassée de ma désinvolture constante. Comme tout ceux qui me côtoient un peu trop longtemps.
- J'sais pas, j't'ai dit que c'était la première fois que j'venais, si ça se trouve...on m'a menti.
Il termine sa phrase d'un ton grave, dramatique. Il me dévisage, comme s'il attendait que je prenne peur. Mais je ne bronche pas, imperturbable je lui assène mon plus beau sourire, celui qui ne laisse personne indifférent, marié d'un regard trempé de mystère. Je me demande à quoi il peut bien penser, là, à me dévisager. Moquerie ? Sympathie ? La raison pour laquelle Kell ne cessait de m'intéresser est sous mes yeux : je ne parviens pas à savoir l'effet que je lui fais, ce qu'il pense, toutes ces choses si faciles à prévoir chez les autres.
Il se remet à marcher en m'invitant à le suivre. D'un coup, sans raison apparente, il se met à rire, comme ça. Il se tourne alors vers moi et me lance :
- Tu veux pas t'approcher un peu, pour voir ?
Incapable de déterminer s'il me le demande sur le ton de la rigolade ou s'il est sérieux, je lui lance un regard interrogatif et m'approche, un peu, pas trop.
- Quoi, ça y est, tu me déclares ta flamme ?
Je tente un rire, un clin d’œil, un peu perturbé par l'incompréhension. |
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Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Mer 30 Avr - 7:01 | |
| [pardon si j'ai mis du temps à répondre, et tu vas peut-être devoir m'excuser de ce qui va suivre] "Tu veux pas t'approcher un peu, pour voir". J'aurais pas pu trouver mieux, non. J'savais même pas ce que j'allais faire, une fois qu'il serait venu. J'savais pas si j'aurais le cran de le tester, ça impliquait un minimum de violence, et j'voulais pas ecchymoser la brebis avant de la jeter dans la gueule du loup. D'un autre côté, j'pense que c'était un risque à prendre : Caleb se rendrait compte que jouer les gros durs dans ce genre de situation sert à que dalle, et il risquerait pas sa peau à aller se castagner avec des mecs plus lourds que lui, ego compris.
- Quoi, ça y est, tu me déclares ta flamme ?
Je ravale ma salive, serrais les dents à son rire et le regarde s'approcher. Je crois qu'il hésitait un peu, et j'me disais que c'était déjà pas forcément un bon départ, pour un gars qui veut aller se battre. Après, c'était p't'être sa façon de gérer le stress, de balancer ce genre de truc assez déconcertant, mais j'notais quand même qu'il avait l'air de se demander c'qu'il se passait. Au moment où il se tient devant moi, je remarquais qu'il était plus petit. D'une dizaine de centimètres environ, chose que j'avais déjà remarquée en réalité, mais qui me frappa particulièrement à l'instant où j'me demandais si je pouvais tenter un mouvement brutal ou pas. Je grognais intérieurement, pensant à toutes sortes de banalités : "j'm'en prends pas à plus faible", "j'm'en prends pas à plus petit sauf s'il me fait vraiment chier", "j'm'en prends pas à un inconnu sauf si c'est lui qui ouvre les hostilités"... Ma mère et sa trop bonne éducation, contre moi et mes instincts que j'aurais voulus primaires. Quand il avait l'air de stresser, Tombeur Caleb prenait dans son arsenal de répliques de play-boy pour en lancer sur ses adversaires. Quand Chercheur de merdes Kell stressait, il faisait craquer les os de ses doigts et finissait par serrer les poings. J'étais en train de stresser. Le mieux à faire, c'était p't'être de lui demander sagement s'il acceptait de se mesurer à moi, avant de lui décocher un coup par surprise. J'm'éclaircis la gorge et croisais les mains derrière ma tête :
- J'réfléchissais à un truc : j'ai pas envie que tu te retrouves mal parce que t'auras voulu jouer les caïds, brebis, j'doute pas de toi et de tes performances au combat. Seul'ment, j'voulais tester pour voir de moi-même comment tu réagirais face à un mec qui te prend par surprise. Mais vu qu'on s'entend bien, ce s'rait pas illogique que t'aies pas de réflexes d'auto-défense si je t'attaque. Doooonc...
Je me pinçais la lèvre. Tout en déblatérant ma réflexion, je prenais de plus en plus peur qu'il ne se dise que j'étais pas bien, et qu'ça craignait d'me fréquenter. J'étais pas l'meilleur type sur qui on puisse tomber, côté gentillesse et amabilité, mais j'pense qu'en cas de conflit de gang, valait mieux m'avoir de son côté.
- Donc j'ai décidé de ne pas te donner un coup sans raison, parce que ta réaction serait p't'être pas celle que t'aurais eue face à un mec hostile, articulais-je d'un rythme rapide. T'es sûr de toi ? Parce qu'on peut tester aussi, si jamais tu penses que c'est pas inutile. J'doute pas de toi, hun, mais...t'as quand même l'air d'une brebis, et j'veux pas qu'on...
J'avais l'impression de m'enfoncer, il allait croire que j'le prenais pour une tapette alors que c'en était clairement pas le cas ; j'flippais juste qu'il se retrouve dans un sale état et qu'il m'en veuille, j'crois. Je penchais la tête, en priant intérieurement qu'il comprenne sans se dire que j'étais inquiet. J'voulais pas non plus qu'il croit que j'étais trop attaché. Ca lui f'rait trop plaisir ! Je repris une marche calme et un peu aléatoire, en balançant les bras simultanément.
- C'était pas un déclaration d'amour, désolé de ne pas satisfaire tes attentes ! ricanais-je pour détendre l'atmosphère, ou me détendre moi. [finalement, j'ai laissé tomber l'idée de l'attaque surprise, t'as de la chance que je sache pas comment faire pour écrire ce genre de post !] |
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Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Jeu 8 Mai - 17:39 | |
| [je consens à te pardonner ton temps de réponse, il faut croire que c'est contagieux]
Le loup semble tergiverser en son fort intérieur. Il ose me qualifier de brebis alors qu'il semble lui-même si indécis ? Je ris intérieurement. Si l'on devait me comparer à un animal, je ne crois pas que ce serait ce petit animal inutile seulement bon dans une assiette. Si je devais trouver un animal digne de la comparaison, je pencherais plutôt pour le renard. Pourquoi ? C'est simple. Prédateur sans être le plus fort, intelligent et esthétique. Plus fin que le loup, plus adroit que lui. Moins puissant cependant, si je devais lui reconnaître quelque chose. On ne joue simplement pas sur les mêmes tableaux. Le prédateur tortille ses doigts et fait craquer ses phalanges. Je crois sentir quelque chose qui s'apparente à du stress, et cette attitude me surprend de la part de Kell. Ce mec est vraiment étrange. Je commence à avoir des fourmis dans les jambes à me tenir en stand by tandis qu'il se livre à son petit débat interne. Soudain, Kell revient à lui, à moi aussi, du coup et s'éclaircit la gorge :
- J'réfléchissais à un truc : j'ai pas envie que tu te retrouves mal parce que t'auras voulu jouer les caïds, brebis, j'doute pas de toi et de tes performances au combat. Seul'ment, j'voulais tester pour voir de moi-même comment tu réagirais face à un mec qui te prend par surprise. Mais vu qu'on s'entend bien, ce s'rait pas illogique que t'aies pas de réflexes d'auto-défense si je t'attaque. Doooonc...
Je ne réagis pas, attendant une suite qui semblait se préparer. Ma fierté de héros en prenait un coup, là. J'oscille entre deux sentiments : il croit avoir un pouvoir sur moi ? Celui de décider ce qui est bon ou ne l'est pas pour moi ? Mais d'un autre côté, cela ressemblait presque, venant de lui, à une sorte de déclaration d'amitié (ou plus, me dis-je en riant narquoisement). J'attends donc, avec toujours ce petit sourire insolent accroché aux lèvres.
- Donc j'ai décidé de ne pas te donner un coup sans raison, parce que ta réaction serait p't'être pas celle que t'aurais eue face à un mec hostile, articule-t-il d'un rythme rapide. T'es sûr de toi ? Parce qu'on peut tester aussi, si jamais tu penses que c'est pas inutile. J'doute pas de toi, hun, mais...t'as quand même l'air d'une brebis, et j'veux pas qu'on...
Il se remet à marcher comme pour s'éloigner de ce qu'il m'a dit. J'éclate de rire, un rire franc et assuré en apparence, mais un peu comme un ice berg, au fond, car je reste réellement perplexe, perdu entre agacement fort et... quelque chose de plus compliqué encore. Il a bien continué à s'expliquer, mais ça n'a fait que me conforter dans mon dilemme.
- C'était pas un déclaration d'amour, désolé de ne pas satisfaire tes attentes ! ricane-t-il.
Je le rattrape rapidement, en quelques enjambés et je lui sers du gratiné de Caleb. Puisque je ne comprends pas ses intentions, je vais lui offrir du grand cru.
- Quelle déception... lui susurrai-je en me rapprochant de lui. Mais quoi que tu en dises, on pourrait en douter !
Je ris de plus belle. Le sable est chaud sous mes pieds, l'air est doux, ce sont là des sensations fort agréables. |
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Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Jeu 8 Mai - 21:25 | |
| Mains dans les poches, je dessine quelques formes du bout du pied sur le sable. Caleb me rattrape, je tourne la tête vers lui, essayant de conserver le sourire restant du ricanement que j’avais adopté pour lui dire que j’étais pas prêt à lui déclarer ma flamme. Il souriait, aussi. J’avais l’impression qu’il souriait tout le temps. Pas forcément franchement, j’étais pas con, j’voyais bien la différence entre un vrai sourire moqueur, hautain, sûr et un sourire de sécurité. J’étais fier d’savoir remarquer les nuances, Caleb allait pas avoir le dessus tout le temps. C’était pas comme s’il l’avait là. Ouais, j’allais pas me mentir, il avait souvent le dernier mot, mais j’avais pas fini d’causer, et rira bien qui rira l’dernier.
- Quelle déception...
Je le regarde dans le blanc des yeux, sentant mon sourire s’effacer peu à peu. Est-ce qu’il est en train de dire qu’il aurait préféré que je le teste sans préavis ? J’savais qu’en parlote, Caleb était bien plus doué que moi, et si on se battait en parole, je s’rais forcément pas le gagnant. J’devais essayer de surprendre l’adversaire. C’était pas vraiment le comportement que j’aurais envers quelqu’un que j’considérais comme étant une brebis. Mais j’sentais que le surnom l’énervait, et j’y prenais bien mon pied. Le problème là, c’était qu’il avait l’air déçu qu’j’aie pas assumé de le frapper. Il avait dû sentir que j’osais pas pour plus que les raisons que je lui avais énoncées. Et si j’pouvais le battre sur un plan, c’était bien l’combat.
- Mais quoi que tu en dises, on pourrait en douter ! rit-il de sa désinvolture habituelle.
Je m’arrêtais. J’étais coincé entre l’envie d’éclater de rire et celle de lui donner un coup. J’étais pas certain d’avoir compris : de quoi est-ce “qu’on pouvait douter” ? Est-ce qu’on “pouvait douter” de moi en tant que castagneur ? Et...Ca voulait dire quoi, ça, “quelle déception” ? Il s’prenait pour qui à me parler comme ça ? Qaeli Kath ne mentait pas sur ses capacités au combat et voici qu’un type le mettait en doute ? Je l’attrapais par le col pour le tirer vers moi. L’approchant de la sorte, mon réflexe premier aurait été de lui foutre un coup de tête. En temps normal, c’est d’ailleurs ce que j’aurais fait. Ca l’aurait mis K.O. mais le but n’étant pas là, je retenais mes pulsions, me demandant d’ailleurs pourquoi ça m’avait pris. Je le libérais en le poussant. Mes épaules tiquèrent lorsque je l’entendis tomber sur le sable. Bien décidé à ne pas montrer la moindre marque d’attachement, je détournais un instant le yeux, avant de me rendre compte que le meilleur moyen d’imposer sa force, c’était de lui faire comprendre que j’avais fait exprès de le mettre au sol. Ainsi, me voici le regardant, sourire aux lèvres, le narguant du haut de mon mètre quatre-vingt. Caleb, au sol. L’image était bien plus jouissive que je ne l’aurais imaginée.
- “Quelle déception”, donc ?
J’aurais eu les cheveux longs, je les aurais balancés en arrière, pour me la jouer acteur américain. Ne les ayant pas, je me contentais de pencher la tête, le fixant toujours dans le blanc des yeux.
- Eh bien, brebis ? T’attend quoi ? Relève toi et viens me prouver que t’es pas juste un beau parleur, Caleb. J’t’attends !
Je lui souris de tous mes crocs, pour ne laisser aucun doute sur le comportement que j’étais capable d’adopter si jamais il lui prenait de répliquer. Ce que j’attendais évidemment avec impatience, malgré la petite voix qui me disait de pas faire le con avec lui, au risque d’en prendre pour mon ego... |
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Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Ven 9 Mai - 18:50 | |
| J'ai pas vu le coup venir. La terre a tourné subitement, et je me suis retrouvé le cul fiché au sol et du sable dans les cheveux. Kell me regarde de la haut, puisque apparemment, le tremblement de terre n'a touché que moi. Je récapitule, sans prendre la peine de me relever, trouvant le sable parfaitement adéquat pour faire le point sur la situation. Je provoquais doucereusement mon ami Kell quand... Eh bien, quand il a jugé bon de me faire faire des acrobaties, tout simplement. A-t-il perdu l'esprit ? Il a des pulsions incontrôlées le pauvre petit loup...
- “Quelle déception”, donc ?
Oh. La provocation. La lumière se fait dans mon esprit et je me fends d'un sourire si grand qu'il se transforme en rire, sans doute le plus honnête depuis que je suis ici. Je regarde Kell et ris de plus belle. Je me délecte de son air supérieur et de sa fierté. Je ne sais pas s'il s'attend à ce que je pousse une gueulante pour sa violence improvisée, mais je n'ai jamais été comme ça. Il m'arrive de me faire castagner un peu fort, puisque je suis plus agile et rapide que fort, mais mon positivisme est toujours vainqueur : bon prince, je perds le combat mais pas la face. Mais.. là n'est pas la question, puisqu'ici je n'avais pas lancé les hostilités. Du moins, pas celles-ci. Je plisse un peu les yeux, ébloui par le soleil et souris de plus belle.
- Eh bien, brebis ? T’attends quoi ? Relève toi et viens me prouver que t’es pas juste un beau parleur, Caleb. J’t’attends.
Je me relève, prenant consciencieusement mon temps pour chaque geste. Je laisse le sable collé à ma peau et accroché à mes cheveux. Je souris encore quand que je me décide à parler, ton mièvre et toujours ce sourire.
- Holà mon loup que t'arrives-t-il ? Petit coup de sang ?
Je laisse couler quelques secondes que j'accompagne d'un rire délicieusement doré. Je jubile. J'ai donc réussi à faire sortir de ses gonds Kell le redoutable sans même prendre la peine de le vouloir ? C'est grisant. Le jeu en vaut la chandelle, avec lui, on ne s'ennuie pas, décidément.
- Calme tes ardeurs, je ne faisais pas allusion à tes pulsions sanguinaires, cher petit loup tout hérissé. Je faisais allusion à ta déclaration d'amour soit disant manquée !
Je fais mine de me masser le postérieur et poursuis, d'un ton léger :
- Mais je te félicite, tu es rapide et plutôt fort, je te donne la note estimable de huit sur dix. Oh, tu perds simplement deux points parce que tu es... comment dire... Un poil trop impulsif ?
Je range mes mains dans mes poches. Ce petit tour du monde m'a réveillé. Tous mes sens sont en alerte. Si une mouche cherche à me frôler en cet instant, elle en éprouverait bien toutes les peines du monde, je réagis au quart de tour. J'aime cette sensation. L'idée me vient de lui rendre son coup traître. Je suis tenté quelques instants mais finalement, je me ravise. Certes j'aime la sueur des combats, la douleur des ecchymoses qui signale un combat rondement mené, mais seulement si j'ai quelque chose à y gagner. Or ici, je n'aurais ni gloire, ni victoire, même sans perdre la face. J'ai compris ça, y'a cinq ans, après m'être battu avec un ami. Si, un vrai ami, pas un adorateur. Un égal, pas une de mes conquêtes sociales éparses. Le combat m'a déçu. Je le connaissais par cœur, il me connaissait suffisamment pour ne pas être étonné de mes réactions insouciantes. Il n'y avait pas d'enjeu à part de la violence à l'état pur, puisque toute surprise et tout le challenge de la découverte avaient été retirés. C'est con. J'connais pas Kell par cœur, et il est loin de me cerner. Mais c'est comme si un courant passait entre nous. Il ne s'est pas arrêté à mes manèges et est resté avec moi malgré tout. Il attend mes clins d’œil comme une routine. Je le sais meilleur que moi en démonstrations de muscles et je me sais meilleur que lui en paroles et charmes. Alors, me battre avec lui m'émoustille moins. En revanche, il a gagné suffisamment de mon estime pour être un digne compagnon d'armes. Je ricane en mon fort intérieur. Je le gratifie comme si je venais du Moyen Âge et ce trait de stupidité m'amuse prodigieusement. |
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Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Sam 10 Mai - 1:31 | |
| Il rit. J’m’y attendais quelque part, mais la surprise fut quand même au rendez-vous. Qui rigole quand il vient de se prendre une raclée ? Qui rigole, à part un type qui s’en fout comme d’une guigne ? Je le regarde se redresser, princier. Ash, tout dans ses manières a le don de me mettre hors de moi. J’avais envie de lui sauter dessus pour qu’il arrête. A quoi bon jouer ce jeu avec moi ?! Je ne laisse pas mon sourire se faire la malle pour autant, tentant de le laisser intact.
- Holà mon loup que t'arrive-t-il ? Petit coup de sang ?
Il rit encore. Ce type est si… Il me faisait bouillir le sang, rien qu’à cause de ses sourires, de son ton. C’était plutôt un serpent, en y réfléchissant. Caleb était le genre de type insaisissable, même quand on pensait avoir enfin attrapé le bout de la queue, il finissait toujours par nous glisser entre les doigts. Imprévisible, ça allait de paire avec Insaisissable. J’étais frustré. Je serrais les dents, sentant battre le sang contre mes tempes. Déglutissais. Redressais le menton pour ne pas me laisser abattre ; j’étais pas si facil’ment impressionnable. Il continua :
- Calme tes ardeurs, je ne faisais pas allusion à tes pulsions sanguinaires, cher petit loup tout hérissé. Je faisais allusion à ta déclaration d'amour soit disant manquée !
Oh le con. Oh le con. J’ouvris grand les yeux. Qaeli Kath, tu es le plus grand con de tous les cons. T’emporter, sur un putain de quiproquo, c’était si peu professionnel.
- Mais je te félicite, tu es rapide et plutôt fort, je te donne la note estimable de huit sur dix. Oh, tu perds simplement deux points parce que tu es... comment dire... Un poil trop impulsif ?
Huit sur dix ? Seulement ? Il mérit’rait quoi lui alors ? Trois ? Pour la mauvaise réception ? Il ne prend pas la peine d’enlever le sable de ses vêtements et cheveux, détails qui étaient certainement insignifiant pour lui, mais qui continuait à me hérisser le poil. Et ce très certainement parce que c’était lui. A y réfléchir, ses manières nobles m’agaçaient prodigieusement, et quand il n’en usait pas, son comportement m’énervait tout autant. Je commençais à le croire capable de calculer le moindre de ses gestes, la moindre de ses foutues manières pour arriver à ses fins, même si cela devait lui prendre des années. Je venais, une fois encore, de glisser magnifiquement sur le sol. Quelle bourde. C’était pas le moment de continuer à s’énerver, Kell, il attend que ça, avec sa petite voix de cajoleur, ses clins d’oeil. Je n’ai pas encore compris tes mécanismes, Caleb, mais ça ne saurait tarder. Je finirais bien par trouver l’endroit où ça fait mal. Question théoriquement conne, qui manqua de me faire rire. Je me relâchais un peu. Serpent n’allait pas m’attaquer maintenant, j’étais sûr qu’il préférerait le moment m de la surprise par excellence. Les tensions étaient encore là, j’étais forcément sur mes gardes. Et comme au corps à corps, je gagne, il serait stupide de me sauter au cou. Et tu le sais, ça, n’est-ce pas ? J’voulais quand même pas rester sur l’image du gars à côté de la plaque. Ouais, j’m’étais emballé un peu vite. Et alors, Kell ? C’est dans tes habitudes, non ? T’aimes te battre, t’aimes chercher le contact, t’aimes provoquer… Un point en commun. Caleb et Kell, en un seul gars, ce s’rait un peu un mec parfait : les poings et la langue. J’étais un peu trop con pour savoir vraiment remballer mes adversaires à coups de mots. Et Caleb et son joli minois avaient beau frimer, j’restais sûr qu’au combat, il m’arrivait pas à la cheville. Je tendais un bras pour enlever le sable des cheveux du haut de sa nuque. Kch, encore des manières que je voulais pas assumer. Ma paume se colla à sa nuque. Mon geste s’était changé en une sorte de contact amical, plus qu’attentionné. J’préférais ça. Tant pis pour le sable, que j’avais quand même réussi à effleurer l’air de rien pour l’enlever -ces détails qui me foutaient mal rien qu’en les voyant parce qu’ils étaient pas à leur place !
- C’était pour te tester, souriais-je à son oreille, en essayant d’emprunter le ton qu’il prenait plaisir à utiliser pour me parler. J’ai pu constater que t’étais pas encore au top sur les réflexes ; tu vas te faire mal à faire joujou avec les grands, brebis !
Je le relâchais, en évitant cette fois de le pousser au sol. Je fronçais les sourcils pour distinguer ce que j’avais cru voir au loin. Ouais, de la vie, des gens, et ce qui ressemblait à un feu de plage. Le soleil commençait à disparaître, il commençait à faire sombre. Ca sentait la bière, la testostérone, et le marshmallow grillé. Je me frottais les mains.
Ouh, la soirée s’annonçait parfaite. |
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Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Et finir en balade romantique au coin du feu. Ven 5 Sep - 14:42 | |
| Étant plutôt fier de ma prestation et de ma présence d’esprit, je m’autorise à fleureter du regard avec la mer, la brise fraiche et les embruns salés qui nous entourent, sans pour autant relâcher mon attention – hors de question de me faire avoir une deuxième fois, il en va de mon honneur tout de même. Mes sens sont monopolisés par les faits et gestes de mon compagnon : sans le regarder, je calcule cependant ses mouvements, les probabilités de nouvelles attaques vicieuses. Mais je le sais bien, qu’il ne ré attaquera pas, du moins, pas dans l’immédiat. Avec délectation, j’ai pu voir se dessiner sur son visage la surprise et la réprobation quant à sa méprise. S’il pouvait savoir combien j’aime me sentir maître de l’instant. Il s’en doute sûrement, mais à quel point ? Maîtriser les événements, mes réactions, mes gestes et comportements… maîtriser ma vie au point de ne laisser personne se croire assez important pour en prendre le contrôle, pour l’influencer. C’est ça, ma conception de la liberté. Je ricane intérieurement. Subitement, le bras de Kell se met en branle et s’approche de ma nuque. Je me raidis, sur le qui-vive. Mais je ne sens aucune animosité émaner de ce geste et, curieux, laisse le loup poursuivre. Il pose alors sa main dans mon cou, geste amical. Je tourne la tête vers lui et plonge mes yeux légèrement plissés dans les siens.
- C’était pour te tester…
Susurre-t-il à mon oreille, empruntant un timbre mielleux qui ne manque pas de me rappeler mes propres intonations. En nettement moins bien néanmoins. Il faut reconnaître que s’il cogne fort, le damoiseau ne s’en tire pas aussi bien en jeu d’acteur et en virtuose de la parole.
- J’ai pu constater que t’étais pas encore au top sur les réflexes ; tu vas te faire mal à faire joujou avec les grands, brebis !
Mon sourire félin s’agrandit de façon à laisser entrevoir mes canines blanches et brillantes. Je ne le quitte pas du regard.
- Mon loupiot chéri, mon cher… Je te répondrais volontiers que j’ai eu maintes fois dans ma vie à encaisser pire offense sans que ça ne suffise à me réduire au silence ou même à me secouer suffisamment pour que je sois brebis douce et obéissante. Mais ça risquerait de froisser ton intellect quelque peu… sur la défensive ? Ne le prends pas mal, surtout.
Je hausse les épaules et incline la tête sur le côté.
- Allez, je suis bon prince. Je vais te faire une confidence.
Je lui dis ? Non. Mon élan d’honnêteté se brise sur les remparts de ma propre fierté. Tel que je sens Kell, il prendra mon honnêteté pour de la lâcheté ou de la peur. Nul besoin de préciser qu’il n’en est absolument pas question. D’un coup, la lassitude me gagne. Cette vieille amie qui me hante et m’obsède. Je la vois enlacer le visage à l’écoute de Kell. Elle me regarde, cette félonne. Et lui, ne se doute de rien. Comme tous les autres avant lui, il ne sait pas combien je suis volatile, solitaire. Solitaire. Seul. Le prix de cette liberté fugace mais tenace ? Le prix de ce désir de maîtrise ?
L’attention de Kell est attirée par des signes de vie à l’horizon. Du peuple. De l’activité. Mais je les emmerde. Ils m’ennuient et me fatiguent par avance. Finalement, Kell pourra peut-être apprécier mes capacités belliqueuses sous leur meilleur jour, leur meilleure volonté.
- On attend quoi, camarade ? Allons nous présenter ! je ris mécaniquement. Avec les poings j’entends. Au vu de leur gabarit, intellectuel et physique, ils ne doivent pas être aptes à ouïr la langue française dans toute sa splendeur.
Clin d’œil pour la route ? Allez. C’est mon credo. Je paye la tournée de clin d’œil, les gars. Vous allez regretter. Vous allez regretter tout ce qui me lasse, tout ce qui accapare mon esprit.
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| | | | Et finir en balade romantique au coin du feu. | |
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