Nous arrivions à l'internat. La porte nous faisait face.
C'est a ce moment là que je me rappelais le règlement, il y était interdit d'y faire entrer les gens qui n'habitaient pas à l'internat... A que cela ne tienne ! Mon inconnu à moi venait de l’extérieur de l'île et en plus il était blessé à la nuque, je pense que c'était une bonne preuve de l'urgence de la situation. Et que donc, dans l'urgence, les règles on n'en avait un peu rien à faire.
Je décidais quand même de prévenir mon compagnon pour ne pas qu'il soit surpris et qu'au possible il fasse peu de bruit, pas vu pas pris comme on dit.

- Par contre, dans le règlement il est interdit de ramener des gens extérieurs à l'internat. Donc si nous pouvions nous faire discrets...

Après ma petite mise en garde j'ouvrais et avançais doucement. A pas de loup. Je me sentais comme un espion qui devait récupérer des données importantes. Tel un ninja je me faufilais à travers les couloirs pour finalement tomber sur le téléphone. Je prenais un malin plaisir à jouer les infiltrés alors que techniquement, moi, j'avais tout les droits d'être ici, enfin...

-Nous y voila, dis je à l'homme, faisant mine de lui servir le téléphone sur un plat d'argent.

Nous étions arriver à l'internat. Je commençais vraiment à fatiguer. Ma nuque me faisait mal, je saignais toujours, j'avais froid...rien n'allait. Je compris rapidement au comportement de Noah que je n'étais pas censé être ici. Il me dit alors en garde:

- Par contre, dans le règlement il est interdit de ramener des gens extérieurs à l'internat. Donc si nous pouvions nous faire discrets...

Le garçon avait alors commencé à avancer de manière étrange, un peu à la façon des ninjas. Je me fis discret à mon tour, bien que mes mouvements furent moins précis que ceux de mon jeune guide.

-Nous y voila.

Noah venait de me tendre un téléphone. Je ne sais pourquoi, je me sentis tout de suite plus rassuré. J'allais enfin pouvoir joindre ma femme, lui expliquer ce qui se passait, et à partir de là, faire en sorte que je rentre chez moi. Je composais le numéro. J'attendis quelques minutes avant d'entendre une voix féminine à l'autre bout du combiné téléphonique. Sans plus attendre, je me lançais:

-Chérie, c'est moi. Écoute, il faut que je te...

Ma phrase resta en suspens.

-Le numéro que vous avez demandé n'est pas attribué. Pour plus d'informations...

J'avais du me tromper de numéro. Je raccrochai pour réessayer. Cette fois, des grésillements remplacèrent la voix de tout à l'heure. Je laissais tomber le téléphone. C'était une blague. Je n'étais quand même pas coincé sur une île inconnue, d'où il était impossible d'appeler un numéro étranger. Désespéré, je me tournai vers Noah:

-Ça ne marche pas. Pourquoi ça ne marche pas?!

L'homme se précipita sur le téléphone pour en composer un numéro. Il était rapide. Il devait souvent le taper et s'en souvenait parfaitement, à tel point que ses doigts en avaient même mémorisé l'emplacement des touches. Il plaqua le combiné à son oreille.

-Chérie, c'est moi. Écoute, il faut que je te...

Tiens, le téléphone marchait maintenant pour des numéros en dehors de l'île ?
Il se retourna soudainement vers moi.

-Ça ne marche pas. Pourquoi ça ne marche pas?!

Ah, je me disais aussi. Mon interlocuteur avait vraiment l'air désespéré et ça me faisait de la peine de le voir comme ça. Mais je n'avais pas de réponse à sa question. Je ne me souviens même plus de quand j'étais arrivé sur cette île, si j'avais eu une vie ailleurs comme lui ou pas. En tout cas, je n'avais plus traces de ces souvenirs si c'était le cas.

- Je suis absolument désolé, mais je ne peux pas vous aider plus que cela en ce qui concerne les communications... Par contre, dis-je en regardant le sang couler sur son cou, je peux essayer de faire quelque chose pour votre blessure, ça n'a pas l'air de s'arranger....

- Je suis absolument désolé, mais je ne peux pas vous aider plus que cela en ce qui concerne les communications... Par contre, dis-je en regardant le sang couler sur son cou, je peux essayer de faire quelque chose pour votre blessure, ça n'a pas l'air de s'arranger....

Je regardai Noah, stupéfait. J'étais coincé sur île inconnue, je venais de passer la journée la plus épuisante et la plus étrange de ma vie, et tout ce dont il se préoccupait, c'était de ma blessur à la nuque....
Je me fatiguais moi-même. Ce garçon avait raison. Il fallait sur je me soigne. Mais en ce qui concernait Jeanette? Ma petite Jeanette devait être morte d'inquiétude... Il fallait pourtant que je me résigne. J'étais mal en point, j'avais la chance d'être encore en vie après avoir perdu tant de sang, mais si je voulais revoir Jeanette, il fallait que je me repose, et que quelqu'un recouse cette vilaine plaie.

-Dis-moi, sais-tu où je pourrais trouver un médecin?

En prononçant ces mots, j'étais soudain senti abattu. Jeanette...

-Dis-moi, sais-tu où je pourrais trouver un médecin?

Il y avait bien l'infirmerie mais je n'étais pas sûr qu'elle soit ouverte au moment où nous parlions.

-Hm, je ne sais pas où nous pourrions trouver un médecin, il y a bien l’hôpital mais je n'y suis jamais allé -et avec mon sens de l'orientation misérable, pensé-je, ce ne serait pas du gâteau- et je pense que c'est loin d'ici donc il faudrait y aller en taxi ou du moins pas à pieds.

Je le regardais, il avait le regard dans le vide, perdu, inquiet. Il me faisait vraiment de la peine.

-Si vous voulez en attendant qu'un taxi passe dans le coin je peux vous soigner un peu, je ne suis pas expert mais je sais quand même désinfecter une plaie et la protéger donc... Mais si vous préférez attendre un vrai médecin je comprendrai ! Dans tout les cas, venez vous reposer dans ma chambre le temps que l'on trouve une solution.

Ce faisant, je lui sourit en lui indiquant le chemin à suivre.

Je regardai Noah. Quelles options s'offraient à moi? Je n'avais pas le choix, je devais suivre le gamin.

-Entendu. Je te suis.

Je ne savais pas si je devais regretter ou non ma décision. Je connaissais à peine Noah, et je ne connaissais pas cette île non plus. J'aurais tout aussi bien pu me débrouiller tout seul... D'un autre côté, je n'aurais pas su où aller. Première étape, me soigner. Ensuite, trouver un moyen de rentrer chez moi. Enfin, oublier toute cette histoire une bonne fois pour toute. Non non non, j'oubliais quelque chose. L'étape numéro deux consistait à me trouver de quoi manger. En y pensant...

-Dis-moi Noah, tu n'aurais pas un petit quelque chose à manger pour moi? Je meurs de faim?

Mon estomac se mis à gargouiller.

-Entendu. Je te suis.

Mon compagnon me suivi. Pour le coup, je connaissais bien l'internat et je ne me perdais jamais dedans ! C'était ma petite fierté.
D'ailleurs je ne savais toujours pas quel était le nom de l'home qui m'accompagnait !

-Dis-moi Noah, tu n'aurais pas un petit quelque chose à manger pour moi? Je meurs de faim?

-Oh si ! Attendez !

Je prenais les quelques biscuits que j'avais dans mon sac de cours. Les cours. Zut ! J'avais complètement oublié ! Bon, en même temps ce n'est pas comme si les cours m’intéressaient vraiment... Mais à chaque fois que je séchais je sentais la culpabilité m'envahir.
Je lui donnais finalement les gâteaux.

- D'ailleurs, vous êtes bien professeur d'université n'est ce pas ? Ce n'est peut être pas la chose à dire à un prof mais je suis actuellement en train de sécher les cours ! Ça ne vous dérange pas j'espère ? Si j'ai l'aval d'un prof, je me sentirai moins coupable ! Dis je avec un sourire.

Noah me tendit des petits gâteaux. Il ne me fallut que quelques minutes pour les engloutir. Ah! Cela me permettrait de tenir le coup jusqu'à ce soir.

- D'ailleurs, vous êtes bien professeur d'université n'est ce pas ? Ce n'est peut être pas la chose à dire à un prof mais je suis actuellement en train de sécher les cours ! Ça ne vous dérange pas j'espère ? Si j'ai l'aval d'un prof, je me sentirai moins coupable ! Dis je avec un sourire.

Je ris intérieurement. Noah me rappelait ces élèves que je surprenais habituellement en train de sécher les cours. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Sécher était devenu chose normale pour certains étudiants. J'avais moi-même sécher plusieurs cours quand j'étais jeune.

-Ne t'inquiète pas! Je ne dirai rien à personne! Et puis, tu sais, nous ne sommes pas dans mon université, alors bon... Il n'y a aucune raison pour que je rapporte ce fait à ton directeur! D'ailleurs, tu peux m'appeler Elias, étant donné que d'ici demain je serai rentré chez moi. Inutile d'être formel. Je ne vais pas te demander de m'appeler Mr.Maxwell.

Tout en disant cela, je repensai à l'université dans laquelle j'enseignais. Etudiants brillants, renommée, internationale, l'université avait tout pour plaire. Pourtant, je ne m'y étais jamais senti à ma place. Enseigner la psychologie impliquait de se retrouver avec une classe bondée d'étudiant inintéressés et arrogants. Je n'avais pas besoin de ça, bien que je n'eus pas le choix. Le boulot de prof était décidément bien compliqué...

-Ne t'inquiète pas! Je ne dirai rien à personne! Et puis, tu sais, nous ne sommes pas dans mon université, alors bon... Il n'y a aucune raison pour que je rapporte ce fait à ton directeur! D'ailleurs, tu peux m'appeler Elias, étant donné que d'ici demain je serai rentré chez moi. Inutile d'être formel. Je ne vais pas te demander de m'appeler Mr.Maxwell.

Elias avait vraiment l'intention de rentrer chez lui apparemment. Pourtant, je n'étais pas sûr qu'il le puisse. J'avais entendu parler de personnes arrivant sur l'île mais jamais la quittant. Il semblerait que nous ne nous posions même pas la question. Comme si l'île était un petit coin de paradis que nous ne voulions pas quitter.

-Je vous remercie ! Ce n'est pas que je n'aime pas l'école mais me promener me plait plus je crois !

Je riais un peu avant de regarder autour de moi. Ma chambre -enfin celle de mes colocataires et moi- était toute proche. Ma chambre...
Zut ! J'avais complètement oublié mais notre chambre... Était bel et bien une chambre de mecs. Enfin je sais que ma partie de la chambre est un carnage sans nom. Mes affaires étaient partout, pas rangées. Et ce n'était peut être pas une bonne idée de faire rentrer un prof ici... Enfin, c'était une situation d'urgence !!

-Nous sommes bientôt arrivés ! Oh si vous voulez d'autres gâteaux n'hésitez pas !

-Je vous remercie ! Ce n'est pas que je n'aime pas l'école mais me promener me plait plus je crois !

Les professeurs de cette université devaient bien s'amuser avec des élèves aussi peu studieux. Je ris intérieurement. Heureusement que je n'enseignerai jamais ici! Noah se tourna vers moi. Nous devions bientôt être arrivés. Il semblait un peu paniqué.

-Nous sommes bientôt arrivés ! Oh si vous voulez d'autres gâteaux n'hésitez pas !

Je ne me le fis pas répéter deux fois.

-Volontier! Je serais prêt à passer ma journée à manger tellement j'ai faim!

Manger m'avait aider à recouvrer mes esprits. Il me fallait plus d'informations sur cet endroit maintenant. Plusieurs choses m'échappaient...

-Dis-moi Noah, beaucoup de touristes doivent venir sur l'île, n'est-ce pas? Climat tropical, plage sympa, forêt et arbres de toutes sortes... Ça doit pas mal les attirer, non?

-Volontiers! Je serais prêt à passer ma journée à manger tellement j'ai faim!

Je lui tendais de nouveau les gâteaux. J'essayais de gagner du temps pour pouvoir mieux réfléchir à une possible situation étrange qui se passerait dans le foutoir qu'est notre chambre.

-Dis-moi Noah, beaucoup de touristes doivent venir sur l'île, n'est-ce pas? Climat tropical, plage sympa, forêt et arbres de toutes sortes... Ça doit pas mal les attirer, non?

Sa question me fit sursauter, je crois que j'avais peur de paraître suspect mais apparemment ce n'était pas à propos de mon attitude louche que le professeur me questionnait.

Je prenais un temps pour répondre, c'est vrai que cet endroit fait très carte postale, mais je n'avais pas souvenir d'y avoir déjà vu un touriste.

-Hmm, étrangement je ne me souviens pas avoir croisé des touristes. D'ailleurs, il n'y a rien de créé spécialement pour de potentiels touristes, juste pour les habitants de l’île. Vous savez, vous êtres la première personne venu d'ailleurs que je rencontre !

En disant cela je me rendis compte que ça paraissait assez bizarre, ou bien j'étais quelqu'un qui ne sortais jamais de chez lui et qui ne s'embêtait pas à parler aux autres ou bien l’île avait définitivement quelque chose de bizarre.
Bon, là comme ça, je pencherais plutôt pour la première solution, mais ça ne me plaisait guère.

La question que je venais de poser à Noah sembla le surprendre. Il mit du temps avant de me répondre.

-Hmm, étrangement je ne me souviens pas avoir croisé des touristes. D'ailleurs, il n'y a rien de créé spécialement pour de potentiels touristes, juste pour les habitants de l’île. Vous savez, vous êtres la première personne venu d'ailleurs que je rencontre !

J'avais l'impression que la situation paraissait normale au jeune homme. Pas de touristes? La première personne venue de l'extérieur qu'il rencontrait? Cette île était décidément bien particulière. Mais comment allais-je faire pour rentrer chez moi. Un mauvais pressentiment me saisit... Je me tournai soudainement vers le garçon, complètement paniqué.

-Ne me dis pas que...

Quelque chose n'allait vraiment pas avec cette île. En y repensant, quelque chose clochait.

-Noah.

J'apatis mes mains sur ses épaules, le regardant droit dans les yeux.

-Est-ce que quelqu'un est déjà parvenu à sortir de cette île?

Soudain il se tourna vers moi, l'air paniqué.

-Ne me dis pas que... Noah.

Il posa ses mains sur mes épaules, me regarda droit dans les yeux. J'avoue que ça me fit un peu peur. Pourquoi était il si sérieux tout d'un coup ? Si ça se trouve il savait ce qu'il allait voir ! Mais je pensais pas que ça le mettrait dans cet état.. Pauvre de moi...

-Est-ce que quelqu'un est déjà parvenu à sortir de cette île?

J’écarquillais les yeux. Il ne parlait pas de la chambre. Bien.
Mais de quoi parlait il alors ? De l'île ? C'est vrai que sa situation était autrement préoccupante.
Mais je ne voulais pas l'affoler..

-Vous voulez la vraie version je suppose ? dis-je en reculant un peu mon visage. A ma connaissance, personne n'a jamais réussi à quitter l'île. En fait je me demande si quelqu'un à déjà essayé. Moi par exemple je ne me souviens même plus quand et comment je suis arrivé ici.

Je m’arrêtais un moment, ça devait être assez compliqué de tout assimiler d'un coup.

-On oublie. D'où on vient. Et notre vie d'avant aussi. Je crois.

Le fait de parler de tout ça, d'essayer de répondre à ses questions me fit prendre conscience que moi aussi j'étais perdu. Que j'ignorai pas mal de chose sur lesquelles je ne m'étais pas poser de questions auparavant. Lui expliquer comment ça se passait sur cette île, me faisait prendre conscience que moi aussi, un jour, j'avais dû être dans la même situation que lui. Mais impossible de se rappeler. Comment ça se fait. Maintenant que j'y pensais, je n'avais pas de souvenirs de mon enfance. Aucuns. Une partie de mon histoire avait disparue en même temps que ma mémoire.
C'est pas bon, pas bon du tout. Je commençais à avoir une crise d'angoisse et à paniquer comme mon interlocuteur, on risquait pas d'aller loin si on perdait tous les deux nos moyens.

-A.. Attendez je crois qu'il y a un problème, soufflais je en me prenant la tête dans les mains.

-Vous voulez la vraie version je suppose ? A ma connaissance, personne n'a jamais réussi à quitter l'île. En fait je me demande si quelqu'un à déjà essayé. Moi par exemple je ne me souviens même plus quand et comment je suis arrivé ici. On oublie. D'où on vient. Et notre vie d'avant aussi. Je crois. A.. Attendez je crois qu'il y a un problème.

Noah s'était pris la tête dans la main. Tout espoir s'était évanoui pour moi. Je comprenais enfin la situation... Cette île... J'étais une exception! Personne ne pouvait atteindre l'île, personne ne pouvait la quitter. Certains ne se souvenaient plus de leur vie d'avant. D'autres encore devaient, je suppose, naître sans même savoir qu'un monde plus vaste les attendait derrière l'Océan. Le ton sur lequel il m'avait appris tout ça me fit comprendre qu'il n'y avait aucune alternative. Les choses étaient comme ça, et pas autrement. J'avais atterri sur une île perdue au beau milieu de nulle part, ne me rappelant plus de la manière dont je mettais retrouvé là. Non...Jean, mes amis, ma famille..Je ne les reverrai donc plus jamais?
J'étais anéanti. S'il n'y avait aucun moyen de quitter l'île, qu'allais-je devenir? Mes pensées étaient confuses. Comment allais-je trouver un endroit pour me loger? Comment allais-je trouver un emploi afin de gagner de l'argent? Comment allais-je faire pour vivre sans la femme à laquelle je tenais le plus au monde? Comment faire pour demander de l'aide de l'extérieur si personne avant moi n'avait réussi? J'avais envie de vomir. Mais je me retins lorsque Noah se prit la tête entre les mains et s'écria:

A.. Attendez je crois qu'il y a un problème.