A moitié épuisé, je parvins à atteindre le toit de l’université, endroit que j’adorais. La porte se referma en un petit grincement. Je m’avançais puis finit par m’asseoir sur le petit rebord du toit. Je me souvins qu’ici, j’avais croisé Teñval, un jeune étudiant, il m’avait fait rire, mais depuis je ne l’avais pas revus, je n’étais presque pas ressortis, je n’avais pas vraiment eu de temps pour moi. Je pris dans mon sac pleins de papiers, je voulais commencer à trier mes dossiers, il y avait de nouveaux élèves, je devais me renseigner, j’avais mes responsabilités, j’étais le psychologue ; jusqu’à présent, je n’avais pas fait grand-chose… Il faisait assez chaud sur le toit, je serai bien tenté prendre quelque chose à boire à la cafétéria, mais je venais de monter les escaliers et je ne voulais pas gâcher mes efforts en quelques secondes, ma jambe me faisait encore mal...

Je pensais à voix haute sans trop m’en rendre compte… Mon attention fut capter par des étudiants en bas, ils parlaient, c’est vrai qu’il faisait beau, j’aurais bien aimé les rejoindre, mais j’avais beaucoup à faire… je commençais à feuilleter un dossier

Je me mis à rire devant son dossier, il règle ses problèmes par les poings ? Ca me faisait penser à moi !

Je montais les marches de l'escalier deux par deux, en courant. Putain, il me saoulait, il me saoulait, avec ses remarques, avec ses recommandations, comme si j’en avais besoin, comme si c’était mon père, merde.

Je poussais la porte qui donnait sur le toit du pied et marchais droit vers la rampe pour l’accrocher de mes deux paumes. Comme si ma colère s’en irait par l’intermédiaire du métal que je pensais froid, mais forcément, avec le soleil, la barre de fer avait chauffé. Je balançais un « merde ! » de surprise et foutais un coup de pied dedans. Je regardais mes mains les sourcils froncés, puis la rampe, pour la maudire de m’avoir brûlé.

Et là, putain de moment où on se sent con : l’instant où on croise le regard d'un mec qui nous a certainement vu faire de la merde et surtout s’énerver contre une putain de barre en fer. Je reste figé, me demandant ce que je dois faire. Le type est clairement plus vieux que moi, si ça s’trouve, c’est un prof, mais avec un peu d’chance, c’est juste un vieux qui a repris les études parce qu’il se faisait chier. Il a une canne, déjà ça veut dire qu'il peut pas courir. C'est même sûrement pour ça qu'il a pas décampé en me voyant arriver.

- Quoi ?! T’as un problème ? balançais-je finalement en montrant les crocs.

Si j’avais pensé croiser quelqu’un ici aussi, mais quel con. J’avais oublié que le toit était quand même un minimum fréquenté, depuis son accessibilité publique. J’avais surtout oublié cette « accessibilité publique », j’avais pris l’habitude de venir, même quand on n’en avait pas l’droit.

Je fus d'abord surpris par le bruit de la porte ensuite se fut par l'étudiant qui se trouvait derrière moi ; je regardais mes dossiers, puis je repris celui que j'avais quelques secondes auparavant. C'était belle et bien lui, je souris un peu...

- Quoi ?! T’as un problème ? me lança-il.
- Hum... j'haussais les sourcils. Je fis semblant de ne pas me préoccuper de lui.  

Je pris appuis sur ma canne pour me relever, une fois debout, je me dirigeais vers lui, j'avais toujours son dossier à la main. Mon téléphone sonna, mais je ne pris pas la peine de répondre ni même de regarder de qui il s'agissait.

- Vous avez 22 ans ? Vous ne les faites pas... s'énerver contre une barre en fer... c'est comment dire..? ne sachant pas comment exprimer ce que je pensais, je fis place au silence avant de reprendre, Je ne pensais pas que ça arriverai à quelqu'un comme vous.

A vrai dire, j'appréhendais sa réaction, avant de venir ici, j'avais connus des fous, vraiment fous et jouer sur la provocation pouvait lancer une sorte de "combat" ; à l'époque je pouvais me défendre, maintenant s'il se jetait sur moi, je n'étais plus en état de répliquer... je savais qu'il s'agissais de quelqu'un ayant un tempérament violent, j'aurais pus continuer à faire un monologue, mais je le laissais parler...

Le type se leva, en s'appuyant sur son bout de bâton, et s'avança vers moi. Je fronçais les sourcils. Un mec, qui s'approche sans rien dire, comme ça, ça fait un peu flipper. Je sursautais lorsque son téléphone sonna, et me maudis d'avoir eu peur pour un truc aussi naze. J'espérais qu'il n'aurait rien vu. J'ouvris la bouche pour lui demander ce qu'il foutait, mais il fut plus rapide :

- Vous avez 22 ans ? Vous ne les faites pas... s'énerver contre une barre en fer... c'est comment dire..?

Oh putain. Un gars qui sort de nulle part, qui s'avance vers toi comme un vieux moine, et qui te balance comme ça des informations sur toi, alors que tu le connais pas. Je serrais les dents et reculais légèrement.

-Je ne pensais pas que ça arriverai à quelqu'un comme vous.

Je le regardais, les yeux grands ouverts. Je savais pas si je devais flipper, ou rire, ou partir en courant, sauter par dessus la rambarde, bref... Plusieurs fois, j'ai tenté de dire un truc, mais rien ne venait, et j'ai vraiment dû passer pour un con, à faire le poisson. Je me tournais pour respirer un grand coup et refis face à l'adversaire.

- Vous êtes qui bordel ?! Une sorte d'espion, non, un stalker plutôt ? J'me trompe ? D'où vous sortez ces infos ?! Enfin, mon âge, c'est pas le scoop de l'univers non plus mais... J'vous ai même jamais vu !

J'étais pris d'une sorte de respect envers ce vieux, sûrement parc'qu'il avait une canne. Et du coup, j'me voyais mal partir en le faisant tomber. J'savais que j'm'en voudrais pour le coup, et en plus, c'était pas mon genre de m'en prendre à plus faible. Et il avait pas l'air dangereux, juste très flippant à connaître des chose sur moi. Mais si c'était qu'mon âge à la limite...

Il finit par parler, je crois bien qu'il avait peur, ça me surprenait ; je ne pensais pas être aussi imposant que dans le temps...

- Vous êtes qui bordel ?! Une sorte d'espion, non, un stalker plutôt ? J'me trompe ? D'où vous sortez ces infos ?! Enfin, mon âge, c'est pas le scoop de l'univers non plus mais... J'vous ai même jamais vu !

J'haussais les sourcils, c'est vrai, je ne m'étais même pas présenté... j'oublie vraiment les bonnes habitudes... Je m'avançais un peu plus jusqu'à me retrouver à quelques mètres de lui.

- Gregory House ! Je m'excuse de t'avoir fait peur. je marquais une pose puis repris, Il se trouve que je suis le psychologue de l'université. Si je connais ton âge c'est grâce à mes documents, mais ça c'est confidentiel. j'articulais bien sur ce mot

Je me serais bien lancer dans un jeu de questions réponses, mais je ne suis pas sûr qu'il aurait apprécié. Mon portable sonna une deuxième fois, s'en était de trop, je le pris et le lança dans le vide sans réfléchir. Quelques secondes après, je compris ce que je venais de faire, aïe ! Mon portable, c'est pas comme si j'avais que ma mère en contact mais mon portable quoi ! Je finis après un certain temps à me remettre dans la conversation, mais voyant qu'il avait du mal à en placer une, je fis silence...

Le type s'avança. Je le regardais de haut en bas. Mec, si tu continues à approcher, je ne me tiendrai pas responsable de mes agissements, sache-le. Qui, sait, il lisait peut-être dans les pensées, ce vieillard.

- Gregory House ! Je m'excuse de t'avoir fait peur.

J'ouvris de grands yeux. Peur ? Moi ? Allons bon, comme si ce mec pouvait faire peur...ME faire peur.

- Il se trouve que je suis le psychologue de l'université. Si je connais ton âge c'est grâce à mes documents, mais ça c'est confidentiel.

J'attendis un instant, sans faire de bruit. Je faisais donc face au psy de la fac. Je savais même pas qu'il y avait un psy, dans cette foutue université à la noix. Techniquement, confidentiel, ça veut dire qu'il garde tout pour lui ? Sérieusement, à quoi ça sert, un psy, sur Edna ? Les gens vont tous bien, la vie est simple de manière générale, y'a pas trop de soucis...
Ma tentative de penser fut interrompue par la sonnerie de son téléphone, une fois encore. Je soupirais et détournais les yeux, en espérant qu'il décrocherait, et que je puisse m'éclipser avant qu'il ne s'en rende compte. Mais le psy fit un geste brusque qui attira immanquablement mon attention. Je tournais vivement la tête vers la source d'animation, et le vit jeter, littéralement, son portable par dessus le rambarde. Je sentis ma bouche s'ouvrir d'ébahissement. Lentement, je redirigeais mon regard vers l'homme ; il était droit, impassible. Le gars, il s'en foutait de balancer son portable dans le vide. Ça lui faisait ni chaud ni froid. C'est pas comme si les portables, c'était précieux, mais c'était pas rien non plus, ça coûtait cher, ces merdes. Puis il était vieux quoi. S'il tombait parce que sa canne se cassait, faudrait qu'il puisse appeler une ambulance, mais non, il s'en fout de mourir à cause de sa chute, il préfère se débarrasser des gens qui appellent. Alors qu'il aurait juste pu couper la sonnerie aussi.
C'était bien un vieux.

- Vous êtes sûr que c'est pas plutôt vous, qui auriez besoin d'un psy ? Vous v'nez d'lancer votre portable du toit de la fac. Imaginez qu'il soit tombé sur la tête de quelqu'un, et que ce quelqu'un soit en train de mourir en bas, le crâne ouvert à cause de votre portable...?

Je me mis à rire, malgré moi et la situation critique que je venais de décrire. Putain, c'était si drôle. J'imaginais le pauvre type en bas, en train de mourir parce qu'il avait reçu un putain de portable sur la tête. La vieille mort. Je voyais déjà la tombe : "mort à cause d'un portable". Je pleurais presque de rire. En fait, ce mec était une bénédiction : suffisait d'aller sur le toit pour retrouver le moral.