Il faisait déjà nuit. Le maire était venu pour assister à la cérémonie des cadeaux, à laquelle il avait décidé de participer lui aussi. En effet, il avait le souci du bien être des autres et il était responsable de cette ville, de ses habitants. Participer à cet événement était pour lui primordial !
La ville resplendissait de lumières colorées, l'atmosphère des fêtes était au rendez-vous. Cela plaisait beaucoup au maire qui de surcroît, avait préparé des feux d'artifices pour marquer la nouvelle année. Celle-ci s'annonçait palpitante, sur cette petite île, du moins c'est ce qu'il espérait, c'est ce qu'il voulait croire et sa détermination était inébranlable. Tout en songeant, le Maire passa devant quelques vendeurs ambulants, humant pleinement l'air frais, embaumé par les parfums de confiseries et de viennoiseries. Son nez, rougi par le froid, était caché sous sa grosse écharpe de laine de lama. Quelques vendeurs au regard alerte, le saluèrent chaleureusement après l'avoir reconnu. Ce geste de politesse enthousiaste lui faisait grand plaisir, il avait toujours souhaité être un bon maire, appliqué dans son travail, aimé pour ses actions bénéfiques. Le parc était à quelques mètres, mais le maire traîna dans les allées animées avant de retrouver le grand sapin. Il lui restait un peu de temps avant la remise des cadeaux. Lui aussi, avait acheté un petit quelque chose, presque rien, mais assez pensait-il, pour ravir la demoiselle et la voir repartir avec le sourire sur les lèvres, des lumières dans les yeux.
Le maire traversa le parc et se rendit près du grand sapin, où il chercha des yeux l'étudiante. Enveloppé dans du papier cadeau rouge imprimé de petits rênes et ficelé de vert foncé, le petit miroir était bien au chaud dans du coton. Les goûts douteux du maire en terme d'emballage ne s'appliquaient heureusement pas à la nature du cadeau. Le miroir de poche qui se trouvait à l'intérieur, était de forme ovale avec un petit manche et un cadre, tout deux en verre translucide et sculpté pour former de jolies arabesques autour de celui-ci, le parant d'une gracieuse fragilité.
Le maire en avait fait l'acquisition chez un brocanteur et trouvait que le cadeau seyait à merveille à la jeune et jolie fille qu'était Mademoiselle Abberline. Il l'aperçut d'ailleurs debout, non loin d'un banc, et marcha en sa direction.
Comme il y avait beaucoup de monde autour du grand sapin, il lui fallut faire quelques zigzags avant de l'atteindre. Le maire interpella la jeune fille :
- Mademoiselle Abberline ! Je suis votre Père Noel cette année ! Comment allez-vous ? Il fait frais n'est-ce-pas ! Allons, permettez-moi de vous remette ceci.
De ses mains gantées, le maire tendit son paquet à la jeune fille, sans doute surprise de voir le maire participer à cet événement.