|
|
| Avant tout, il faut bien commencer. | |
| Auteur | Message |
---|
Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Avant tout, il faut bien commencer. Mer 29 Jan - 13:05 | |
| Les mains dans les poches de mon blouson de cuir et ma gueule d'ange pour finaliser mon allure de beau gosse reconnu et approuvé, je mets les deux pieds dans ce nouvel univers. La cafétéria. Je suis nouveau ici. Avant, je fréquentais un lycée banal au cœur de Paris. Mes parents ont un jour décidé de m'envoyer ici, sous prétexte que je passais bien plus de temps avec la gente féminine qu'avec mes bouquins de philo. Ah ah ! Mes pauvres parents se figurent que pour réussir sa vie, rien de tel qu'une étroite relation avec ces amas de feuilles poussiéreux. La connaissance, disent-ils, est la clé de la liberté. Mais moi, j'ai toujours été au dessus de tout ça. Il est stupide de remettre sa vie future aux mains de professeurs qui ne pensent qu'au salaire qu'ils recevront à la fin du mois. Les études, ça a toujours été quelque chose d'aisé pour moi. Je n'ai jamais connu la difficulté. Il suffit simplement de savoir bien manipuler les mots de telle sorte qu'ils conviennent aux professeurs et le tour est joué ! Ça n'a jamais raté avec moi, en tout cas. Mais c'est peut-être parce que je suis quelque peu.. précoce, disons.
Coup d’œil circulaire aux alentours. Rien à dire, la pièce est propre, ordonnée. Presque trop lisse, même. Je cherche du regard les étudiants qui me semblent être les plus avenants. Il est grand temps que je m'intègre à la faune locale. C'est que, je suis un sociable moi ! Et d'envergure. D'ordinaire, quelques sourires me suffisent pour coloniser le monde.
Les pièces de monnaie émettent un joyeux tintement, lorsque, quittant la paume chaude de ma main, elles tombent dans celle du gars qui tient la caisse de la cafétéria. - Un chocolat chaud, s'iouplait. Crémeux, si c'est possible. Le type, imperturbable, me tourne alors le dos pour préparer ma précieuse demande. Intrigué et curieux, je croque du regard chaque détail de cet univers nouveau. Dire que l'an passé, je devais me contenter d'un pauvre sandwich tiédasse. Je me brûle les doigts en attrapant le gobelet en plastique dans lequel le gars a osé me servir ma boisson favorite.
Avisant une table déjà occupée non loin du buffet, je m'installe sans appréhension aucune auprès de ces gais lurons, prêt à me socialiser. |
| | |
Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Jeu 30 Jan - 0:50 | |
| Je racontais mes dernières mésaventures à Kris, qui rigolait tel un imbécile en plaçant à l'américaine un "fuck" quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, histoire de ponctuer tous ses faits et gestes d'une sorte de "classe" américaine, qu'il ne possédait visiblement pas à en croire le peu de choses que j'avais vu d'eux sur le net... Pas que je sois un gars poli, au contraire, j'ai même tendance à pester contre le monde entier dès que la moindre occasion se présente. Mais je suis certainement pas le genre de gars qui place des "fuck off" à tout bout de champ. C'est pas naturel. Puis je suis pas américain, merde. Je parlais à haute voix, comme d'habitude, histoire de me faire remarquer, dans l'espoir peut-être de provoquer une réaction virulente à mon égard pour pouvoir à mon tour entrer dans le jeu de la provocation. J'aimais bien accompagner mes paroles de gestes, ça rendait le tout plus vivant, puis ça me permettait, encore une fois, de me donner en spectacle ; on ne sait jamais qui peut regarder... C'est alors qu'un type est entré dans la cafétéria. Les gars de ce genre peuvent difficilement me laisser indifférent, j'aime les mecs qui ont une allure certaine et un putain de bon look vestimentaire, forcément. Un cliché d'asiatique ? Non, j'ai juste de bons goûts. Je l'avais jamais vu, j'en étais sûr. Je m'en serais souvenu sans ça. Il avait un joli visage, peut-être trop propre pour avoir le petit truc en plus qui fait qu'un mec a la putain de classe. Enfin, ça m'aurait fait concurrence, tant mieux. J'aimais bien les types qui avaient une présence -et il était clair que celui-ci en avait une, pas forcément épatante au point de couper le souffle, mais il en avait une, je l'aurais pas remarqué entrer sinon. J'aimais beaucoup moins les types trop propres sur eux, trop beaux, trop lisses, trop tout. Le genre de gars qui est pas grand chose en finalité quoi, hormis une grande gueule. Je pouvais pas vraiment le laisser passer sans rien faire, je voulais déjà le connaître, mais je me voyais mal quitter Kris d'un coup pour aller parler à un type que je connaissais pas. Je lui dirais quoi ? "Eh t'as une putain de veste en cuir, tu l'as achetée où ?" Un truc de tapette encore. Donc pas pour moi. J'ai donc juste levé un peu la voix, j'ai continué à raconter mes exploits de combattant en les illustrant de coups de poing dans les airs, de morsures dans le vent... L'avantage d'être avec Kris, c'est qu'il est bon public, y'a pas besoin de grand chose pour l'émerveiller. Je forçais un peu sur mon rire, histoire de. Et puis, ce truc qui marche jamais, vous devinerez jamais : ça a fonctionné. Le type est venu s'installer à côté de Kris, donc en face de moi quoi. Je pouvais pas me laisser déconcentrer, alors j'ai fini mon petit speech.
- Et ils se sont barrés en me laissant sur le sol, haussais-je des épaules.
Dommage que ce soit l'une de mes rares presque défaites que je racontais là, mais en même temps, le combat avait été si palpitant, si vivifiant... C'était terrible, rien que d'en parler, je sentais l'adrénaline remonter. J'avais envie de me vanter. J'avais envie de montrer au monde entier à quel point j'étais un chien errant, rageux, et surtout assoiffé de vie. Mais pour en revenir au mec caricature d'un beau gosse, je pris un air un peu dépité. Histoire de ne pas lui donner l'impression qu'il était important. Même si j'étais au fond de moi assez satisfait d'avoir su l'amener à s’asseoir sur cette chaise juste en face. J'ouvris la bouche mais Kris me devança :
- Tu cherches un truc ?
Mon regard dépité se porta dès lors sur Kris qui me paraissait un poil agacé. D'un geste de la main, je lui demandais de laisser le type tranquille :
- Non mais laisse-le, j'l'ai juste intrigué en racontant trop fort mes exploits de guerrier...riais-je à moitié.
Je lançais un regard à Kris pour clairement lui faire comprendre de se taire, ou de l'ouvrir pour dire un truc qui ne nuirait pas à ma peut-être future conversation avec le gars. Bien qu'il me sembla alors trop clean pour être vraiment intéressant. Enfin qu'est-ce qu'on s'en branle, je voulais juste savoir s'il en valait la peine ou pas, si sous ce visage d'ange se cachait un type plus consistant, comme le laissait sous-entendre son style vestimentaire. J'appuyais mon menton contre ma main, elle même soutenue par mon avant-bras dont le coude s'appuyait contre la table. Rien de très élégant en soi, mais juste ce qu'il me fallait pour être à l'aise et dévisager le type sans avoir l'impression d'être un con.
- Je te demand'rais bien si t'as une clope pour amorcer la conversation, mais c'est pas très naturel pour le coup, lançais-je après quelques secondes de réflexion durant lesquelles je m'étais demandé ce que je pourrais lui demander pour que ma question paraisse naturelle. Quoiqu'en fait, si t'as de quoi fumer, je veux bien qu'tu m'files une ou deux cigarettes. |
| | |
Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Jeu 30 Jan - 11:02 | |
| Les deux mecs installés à la table semblent en grande conversation, si bien que c'en devient presque impoli de s'installer près d'eux. Mais peu m'importe, je n'ai jamais été très à cheval sur les convenances. En m'approchant, je constate que c'est surtout le grand, asiatique, qui fait vivre l'échange, au moyen de grands mouvements et de haussements de voix comme pour ponctuer une folle baston. Et ça, ça me plait. J'aime les histoires de baston. Je n'ai pas souvent l'occasion de me castagner, à vrai dire, dans mon ancien lycée, j'étais la star, en quelque sorte.
D'un geste propre et calculé, je dépose mon gobelet sur la table nickel, et m'assois, calmement, sans quitter des yeux le mec qui me fait à présent face. Mmh, plutôt pas mal, le gars. Le genre de mec typé asiatique qui plait sans avoir besoin de faire grand chose. Lui aussi me regarde, d'ailleurs. C'est que, j'suis plutôt beau gosse aussi, faut dire. Entre mecs classes, on se reconnait, ris-je intérieurement.
- Tu cherches un truc ?
Son toutou de compagnie m'adresse la parole, visiblement. Apparemment, ma présence le dérange. Je hausse les sourcils sans me départir de mon sourire enjôleur. Un retors ? S'il croit me faire peur, avec sa tronche calquée sur ces sitcom débiles pour ados. Mais avant que je n'aie eu le temps de commencer la moindre phrase, son ami l'interrompt et le remet à sa place. Je jubile.
- Non mais laisse-le, j'l'ai juste intrigué en racontant trop fort mes exploits de guerrier... lance-t-il dans un semi rire.
Intrigué, j'attends qu'il poursuive. Je n'aime pas beaucoup les gens hésitants, complexés et timides. Je les trouve ennuyeux, il faut toujours qu'ils se sentent obligés de disparaître. Et cette attitude m'a toujours mise hors de moi. De quel droit peut-on décider que l'on vaut moins que les autres ? Stupide. Personnellement, je ne m'encombre pas de telles inepties. Et je ne priverai pas le monde de ma façon de concevoir les choses.
- Je te demand'rais bien si t'as une clope pour amorcer la conversation, mais c'est pas très naturel pour le coup, ajoute-t-il enfin. Quoiqu'en fait, si t'as de quoi fumer, je veux bien que tu m'files une ou deux cigarettes.
- T'es du genre direct toi ! ris-je. Ça me plait bien. Tiens, tu peux me taxer une ou deux clopes si ça te branche, à charge de revanche.
J'accompagne ma phrase d'un clin d’œil classe à en faire tomber raide dingue n'importe qui. Parallèlement, j'attrape mon paquet de clopes dans ma poche et le lui tend sans le quitter des yeux. Je ne suis pas un grand fumeur. Du moins, pas un accro. Il me plait d'en griller une ou deux, parce que je trouve que ça finit bien mon image, ça me donne une contenance particulière. Et puis, j'adore la fumée, les courbes soyeuses qu'elle dessine dans le vent, comme si je créais moi-même des nuages. Ça, ça me fascine. J'aime être à l'origine des choses, j'aime créer, j'aime déclencher. Provoquer aussi. Provoquer des tensions, comme provoquer des idylles. J'suis un mec comme ça, ouais. J'aime me faire plaisir et je trouve con de se priver. Un connard a dit un jour que la vie était courte et qu'on était juste de passage. Et bien je compte bien profiter de ce court passage.
- Tiens, pour m'rembourser de la première clope, tu me dirais pas ton nom ? |
| | |
Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Jeu 30 Jan - 12:06 | |
| Je n'avais jamais douté de mes capacités de réaction, quelle que soit la situation. Et même si j'avais parfois l'impression de passer pour un idiot, en lançant des amorces aussi stupides qu'improbables, on devait au moins me reconnaître le cran d'embrayer la conversation avec les gens qui m'intéressaient sans complexe ni hésitation aucuns. J'attendais avec grande impatience sa réaction. En gros, la première vraie impression que je pourrais me faire de ce type. Je ne l'ai pas attendue longtemps d'ailleurs : c'est limite s'il n'a pas répondu du tac-au-tac en riant.
- T'es du genre direct toi ! Ça me plait bien. Tiens, tu peux me taxer une ou deux clopes si ça te branche, à charge de revanche.
Sourire enjôleur, clin d’œil... Ça va, on ne lésine pas sur ses charmes hein ! Il me tire un sourire, avec tout ça. C'est dur de ne pas sourire intérieurement en voyant un gars qui sourit tout le temps. Vous savez, le genre de force extérieure inconnue qui fait que si vous croisez quelqu'un qui sourit en vous promenant par exemple, en fonction de l'humeur, soit ça fait sourire aussi, soit ça provoque une espèce de rancœur un peu absurde, du genre "putain mais pourquoi il sourit ce con ?!". Pour le coup, son apparente joie me donnait envie de sourire. J'étais à l'aise. Il me tend son paquet de clopes, toujours en soutenant mon regard et, histoire de ne pas laisser voir de faiblesse dans mon comportement -le grand Kell ne se soumet jamais !-, je ne quitte pas le sien le temps d'attraper une des cigarettes que son paquet me propose. Je savais bien qu'il fumait, ça allait bien avec son personnage. Ouais, je suis pas totalement dupe de ce genre d'apparence trop propre sur soi, je l'ai déjà dit. Je baisse finalement les yeux pour chercher un briquet dans les poches de mon pantalon ou de ma veste, histoire de ne pas rester avec une cigarette dans les mains, et avoir l'air d'un con qui ne sait pas quoi en faire. J'avais l'habitude de me placer à côté de la fenêtre que je pouvais ouvrir comme bon me semblait quand il ne faisait pas trop froid dehors. Ca me permettait de fumer sans avoir besoin de quitter les lieux. J'ouvrais donc la fenêtre d'un geste pas vraiment délicat et appuyais mon coude sur son rebord, couvrant l'extrémité de ma clope d'une main, l'allumant de l'autre.
- Tiens, pour m'rembourser de la première clope, tu me dirais pas ton nom ?
Je ris un peu et jetais un regard à Kris. J'avais eu peur qu'il ne s'ennuie mais il était apparemment en grande conversation sur son portable. Les messages qu'il recevait étaient d'ailleurs accompagnés d'un discret "you got mail" féminin, qu'on ne pouvait entendre que si l'on y prêtait vraiment l'oreille, ou qu'on en avait l'habitude. Je tirais un peu sur ma cigarette et soufflait la fumée à l'extérieur en tendant le cou avant de regarder de nouveau le gars. Décidant que je m'étais assez fait désirer pour le moment, je répondais :
- Kell Kath.
La ressemblance avec la sonorité des fameux "kit-kat" me tira un sourire. Les occasions de me présenter étaient si rares que cette consonance ne manquait jamais de me faire son effet. Bon, c'était pas tordant, mais je trouvais ça tellement nul à force... En même temps, Qaeli Kath, ça faisait un peu "Billy the cat", c'était pas forcément mieux.
- Enfin Kell quoi, m'appelle pas Kell Kath. C'est moche ! Et toi ? Et puis je t'ai jamais vu dans le coin. Je m'en serais souvenu sinon, ajoutais-je d'un sourire en coin.
En même temps, un gars comme lui, ça s'oublie pas. Faudrait être aveugle pour ne pas le voir passer. Et il le savait, ça se voyait, riais-je intérieurement. A vrai dire, j'avais hâte de savoir jusqu'où son jeu de charme pouvait aller, sans qu'il ne casse son image à force d'en faire trop ou pas assez. J'avais hâte de voir à quel moment il perdrait son sourire un peu enjôleur. Il n'allait pas éternellement jouer la carte du beau gosse hein.
|
| | |
Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Jeu 30 Jan - 13:03 | |
| Ce que j'aime par-dessus tout dans les relations, c'est le challenge. J'aime la compétition, et j'aime tester. Je réponds d'ailleurs toujours présent aux petits jeux de cet acabit. Je n'ai par ailleurs pas l'habitude de perdre et s'il m'arrive de ne pas être le meilleur, j'en tire comme un nouveau défit. Je l'ai déjà dit, je suis un éternel optimiste. Et grâce à ça, c'est un peu comme si j'étais gagnant quoi qu'il arrive.
Souvent, on me trouve prétentieux, imbu de ma personne, trop fier, insouciant. Je suis un peu de tout ça, sans l'être vraiment. Insouciant. Ouais ça, c'est le bon mot. Je ne me formalise pas des petites déceptions et défaites du quotidien. Je tire un amusement de chaque chose. On me reproche de fait de n'être jamais assez sérieux. Au diable ces coincés, je vis bien, c'est tout ce qui compte. Mon nouveau challenge me scrute, il cherche mes failles, mes particularités. Je le sens, il me semble que nous nous ressemblons sur ce point. Il cherchera peut-être à me pousser à la faute. Ça me plait. Il lance un regard à son pote, comme pour s'assurer qu'il n'est pas encore mort d'ennui. Mais non, le copié/collé des états unis ne s'est pas encore disloqué, il s'épanouit d'ailleurs dans un échange virtuel sur son téléphone cellulaire. Je ricane intérieurement. Comment ce bel asiatique peut-il traîner avec un type aussi vide, creux et superficiel que lui ?
Ma question flotte toujours dans les airs, en attente d'une quelconque réponse. Il sait se faire attendre, il n'y a pas à en douter, il est bon comédien. Un vrai artiste. Je me délecte du silence pesant, détaillant ses gestes précis. Il allume sa cigarette rapidement et tire un coup. J'en avais presque oublié ma question quand il se décide enfin à briser le silence.
- Kell Kath. Enfin Kell quoi, m'appelle pas Kell Kath. C'est moche ! Et toi ? Et puis je t'ai jamais vu dans le coin. Je m'en serais souvenu sinon.
Il m'adresse un sourire en coin. J'ai trouvé un adversaire de taille, semble-t-il. Je me sens incroyablement excité à l'idée de nos futures rixes. Cette conversation est si formelle, si propre... Ça ne me ressemble pas. Je suis d'un naturel franc, et je n'aime pas tourner autour du pot.
- Ça sera Caleb pour moi. T'as tout juste, je viens de débarquer dans ce bled. D'ailleurs, je ferais bien une petite visite du coin, alors si t'as le temps, à l'occasion... Tu vois quoi !
Je tire à mon tour une cigarette du paquet, l'allume et la porte à mes lèvres, doucement.
|
| | |
Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Jeu 30 Jan - 17:03 | |
| Ce qui se passait était quand même assez étrange ; n'étant pas un adepte des longs dialogues qui ne mènent à rien, ni même des longs dialogues tout court, il était rare que je me lance dans une conversation de manière si peu directe. Si, ma façon d'aborder la chose avait été directe, mais je ne jouais que rarement le Kell mystérieux ou patient. Ca ne me ressemblait pas. Mais je n'avais pas envie de précipiter les choses. Du moins pas dans l'instant, ça pouvait encore attendre un peu.
- Ça sera Caleb pour moi. T'as tout juste, je viens de débarquer dans ce bled. D'ailleurs, je ferais bien une petite visite du coin, alors si t'as le temps, à l'occasion... Tu vois quoi !
Je secouais ma cigarette par la fenêtre histoire d'en faire tomber les cendres. Je souriais assez rarement en vérité. Par habitude. On m'avait souvent reproché de regarder les gens comme de la merde. C'en était peut-être le cas au fond. Et alors ? Je trouvais que ça mettait de la distance entre moi et les gens, et ceux qui passaient ça, bah ils en valaient peut-être la peine ? Caleb, hein ? Ce nom me disait quelque chose, je savais plus où ni pourquoi j'avais entendu ce nom quelque part. Je regardais Caleb coincer une cigarette entre ses dents et tournais la tête vers le grand blond qu'était Kris.
- Eh Kris, y'avait pas un mec qui s'appelait Caleb aussi dans le coin ? Ou Calek ou un truc comme ça...
Kris ne releva pas la tête, trop absorbé dans la contemplation de son portable, ou dans l'écriture d'un message, mais il émit un petit "ouais ouais" quand même, me faisant clairement signifier qu'il ne m'avait même pas écouté. Il détestait la compagnie des inconnus, et me le faisait bien comprendre par son attitude et sa désinvolture. Incapable de rester de glace face à un comportement aussi désagréable envers moi, je lui foutais un coup de pied au tibia. Pour ne pas me faire remarquer -je ne voulais pas faire fuir Caleb, trop envie de le connaître davantage-, j'avais fait un sourire au nouveau, en espérant qu'il n'aurait rien vu. Kris sursauta mais ne leva pas les yeux vers moi. Il comprenait mon langage, j'aimais mieux ça.
- Bref, on s'en fout qu'il y ait un autre Caleb sur cette île.
J'écrasais mon mégot contre le couvercle d'un boite métallique que je me trimbalais pour cet effet, et le jetais dans une poubelle un peu plus loin d'un geste de l'avant-bras, puis je croisais les bras derrière ma tête et penchais ma chaise en arrière en appuyant mon talon contre l'un des pieds de la table. J'observais de nouveau Caleb.
- Sinon ouais, on pourrait sortir... Je connais pas de coins sympa à proprement dit, mais je pense qu'on pourra en qualifier certains de sympas quand on y aura passé du temps...souriais-je encore en coin.
Les lieux qu'on fréquentait devenaient sympas parce qu'on s'y habituait non ? Je voyais les choses comme ça pour ma part. On y passe du temps avec des gens qu'on apprécie ou en faisant des trucs qu'on aime faire et c'est là que ces endroits deviennent des endroits...sympas.
- T'as des idées du genre d'endroits que tu voudrais fréquenter, Caleb ? demandais-je en insistant sur son prénom, juste pour voir si cela allait provoquer une réaction quelconque. |
| | |
Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Jeu 30 Jan - 20:56 | |
| Notre petit jeu déployait ses ailes, se développait et devenait toujours plus intéressant. La curiosité est maîtresse, en cet instant. Habituellement, je ne me disperse pas en fioritures pareilles, je questionne, je flirte, mes questions ciblent, et cherchent des réponses concrètes. Pas de mise en scène, pas de métaphore. Peut-être ai-je pris cette vilaine manie à force de titiller les demoiselles. Mais je découvre, ou redécouvre, l'étrange saveur d'une discussion au compte-goutte. Il faut savoir être patient, faire durer, surprendre. Malheureusement la patience, ce n'est justement pas mon fort. Je frétille intérieurement, ravi de rencontrer quelqu'un de différent. Quelqu'un qui me cherche, me teste. Bien sûr, les filles avec lesquelles je flirte en temps normal me testent aussi. Mais... moins intellectuellement. C'est comme si.. on s'éloignait des choses en elles-mêmes.
- Eh Kris, y'avait pas un mec qui s'appelait Caleb aussi dans le coin ? Ou Calek ou un truc comme ça...
Kell s'est tourné vers Avatar-Man en quête d'une réponse. Je m'en contrefous bien, de savoir s'il y a un autre mec affublé du même nom que moi. C'est vrai quoi, un nom, c'est juste un assemblage de lettres. Ça ne lui confère pas pour autant mon charme naturel ! Je ris intérieurement, conscient de m'adonner à un ego-trip bien narcissique. Mon voisin ne daigne pas articuler de réponse digne de ce nom, aussi Kell semble se crisper.. d'agacement peut-être ? Je crois apercevoir un furtif plissement des paupières. Fort peu déplaisant. Il n'y a pas à dire, même sous le coup de l'énervement, ce gars conserve ses charmes.
- Bref, on s'en fout qu'il y ait un autre Caleb sur cette île.
Je hausse d'un sourcil tout en souriant tandis qu'il écrase son mégot contre un couvercle métallique sorti de nulle part. Comme s'il partageait mes pensées. Curiosité encore, je patiente dans l'attente d'une poursuite.
- Sinon ouais, on pourrait sortir... Je connais pas de coins sympa à proprement dit, mais je pense qu'on pourra en qualifier certains de sympas quand on y aura passé du temps...
Sourire en coin, encore. Lorsque je l'avais aperçu en arrivant dans la cafétéria, je n'aurais jamais imaginé qu'il pourrait "sourire" autant. Ça ne ressemblait pas à son genre. Il avait l'air plutôt perso, presque sauvage (pas selon un sens péjoratif, bien sûr). J'étudie minutieusement sa réponse. On dirait presque qu'il me drague, me dis-je, amusé.
- T'as des idées du genre d'endroits que tu voudrais fréquenter, Caleb ?
Il semble insister sur mon prénom. Je repasse mentalement la bande-son. Mon prénom sonne bien, dans sa bouche, c'est fluide, naturel. Je penche légèrement la tête sur le côté droit, en esquissant un sourire. Puis je tire une nouvelle bouffée de ma cigarette, avant de l'envoyer valser d'un geste par la fenêtre ouverte. Je me fais la remarque qu'à aucun moment je ne m'inquiète de la sincérité de mon acolyte. Est-ce que ça a une réelle importance ici ? Le jeu de séduction-test seul compte, pour le moment. J'écarte ces pensées futiles. Je m'en fous. Est-ce que je me demande si je suis sincère ? Je suis sanguin, franc et direct, je dis ce qui me passe par la tête, à l'instant T. Naturel. Instinctif.
Je me rappelle alors qu'il me demande quels lieux m'intéresseraient plus particulièrement. Facile. Je souris franchement, découvrant ma parfaite dentition blanche, puis me ressaisis.
- A vrai dire, non. J'suis assez simple comme gars, mine de rien. Si tu veux voir de la populace, ça ne me dérange pas, si tu préfères la solitude, je n'ai rien contre non plus. Tous les lieux me vont, je suppose. Je sais m'adapter, tu t'en seras douté ahah. |
| | |
Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Ven 31 Jan - 0:21 | |
| J'observe. Comme j'en ai presque pris l'habitude depuis quelques minutes maintenant. Le moindre de ses gestes, allant du simple mouvement de main qu'on effectue quand on parle à son lever de sourcil, passant bien évidemment par son constant sourire. J'ai l'impression que coule une éternité entre chacun de nos échanges, comme si nous pesions l'un et l'autre notre temps de paroles, jaugions les mots que nous allions utiliser, essayions de prédire ce que l'autre répondra. En ce qui me concerne, seule la troisième action faisait partie de mon présent jeu. Je n'avais jamais été un très bon acteur ni même un très bon stratège ; je préférais le naturel, et j'essayais de le rester le plus possible.
- A vrai dire, non. J'suis assez simple comme gars, mine de rien. Si tu veux voir de la populace, ça ne me dérange pas, si tu préfères la solitude, je n'ai rien contre non plus. Tous les lieux me vont, je suppose. Je sais m'adapter, tu t'en seras douté ahah.
- Ouais, évidemment...
Je n'avais pas vraiment senti les mots s'échapper de ma bouche. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me donne le nom d'un lieu précis, non, mais un minimum d'informations. Finalement, on ferait ce que je voudrais, hein ? Je me rasseyais "normalement" et reprenais la position "tête contre poing, coude contre table" en regardant Caleb. Je savais pas quoi dire. J'avais envie de rire mais en même temps j'étais profondément frustré. Je ne savais même pas pourquoi ! Je savais quelque part, qu'il n'allait rien me répondre, à en voir le jeu auquel on se donne depuis le début. Comme si je risquais de...le manger, ou quelque chose comme ça. MAIS je refusais de perdre mon sang froid. Pas devant lui. J'avais rarement senti le besoin d'impressionner les autres. Hormis lors d'une lointaine époque maintenant, quand je voulais m'entourer de gens capables de "reconnaître" ma juste valeur de combattant invétéré. De loup enragé. J'essayais donc de rester impassible au possible. Si je lui disais quelque chose comme "bon on peut aller où je veux alors !", il me répondrait oui. Je devais pas poser ce genre de question, ça mènerait à rien. Oh et après tout, j'étais pas calculateur hein, j'allais pas me lancer dans ce jeu là, j'y perdrais rapidement mes cheveux.
- Bon ok Caleb, je réfléchirai en ce cas...
J'y ajoutais un sourire en le regardant dans le blanc des yeux.
- Dommage que tu ne veuilles pas m'aider plus que ça, mais puisque tu me le demandes, je préfère les endroits tranquilles. Quand j'ai pas besoin de me donner en spectacle quoi. Puis la foule c'est chiant à force, je m'entends pas parler, je m'entends pas penser... Enfin ça...riais-je. C'est pas trop mon truc de penser, je suis plutôt le genre de gars à foncer dans l'tas, t'auras peut-être remarqué. Après, il m'arrive de vouloir sociabiliser, juste histoire de casser les dents d'un ou deux cons.
Kris leva finalement la tête pour me demander.
- Y'a Marc et Louis qui sont en bas, ils veulent savoir si t'en as pour longtemps encore.
Sans quitter Caleb du regard, je secouais un peu la tête.
- Oui, j'en ai encore pour un moment. Enfin sauf si tu veux écourter ? lançais-je au brun. J'ai...-je tournais la tête vers Kris- ...besoin de changer d'air. Ou plutôt non : je suis carrément intrigué par ce gars, alors j'ai envie de rester avec lui.
- Tu perds ton temps Kell...
Il se leva avant que j'ai pu répliquer. J'avais même commencé à montrer les crocs, mais il avait pris son sac, m'avait fait un signe de main et était parti. Il n'avait pas dû apprécier le coup de pieds. Il n'agissait pas aussi sèchement habituellement. Enfin en même temps, j'avais rarement eu envie de "changer d'air" en leur présence à tous les trois -Kris, Louis et Marc- alors j'imaginais qu'il aimait pas trop l'idée qu'un autre mec vienne rejoindre le groupe. Surtout un mec mieux qu'eux trois réunis. Je ris faiblement à cette pensée. Ce que je pouvais être con. Je savais bien que personne ne pourrait les remplacer, on se connaissait depuis bien trop longtemps. Comme si je venais de me souvenir de la présence de Caleb, je me redressais pour le regarder.Je savais plus quoi dire du coup, quel con putain. J'allumais la seconde cigarette que Caleb m'avait filée, sûrement pour me redonner un semblant de prestance. Merde, et l'autre con qui m'avait fait perdre mon sang froid. Je tapais frénétiquement du pied droit sur le sol, peut-être depuis un moment. Je faisais ça quand j'étais stressé, et j'arrêtais, du coup. Je voulais pas avoir l'air stressé. Oh mais c'était de sa faute aussi. Je lançais un regard à Caleb. S'il avait répondu convenablement... Je tirais sur ma cigarette et, après m'être demandé ce que je pouvais bien dire pour rattraper le gros blanc qui s'était installé entre nous, je lui soufflais finalement la fumée au visage après m'être un peu rapproché.
- T'avais qu'à répondre un truc convenable, t'es chiant aussi.
Je reprenais ma place initiale et tournais la tête vers la fenêtre. A ce moment précis, je me détestais. J'avais finalement perdu le contrôle. Mais en même temps, je suis pas un putain de tacticien, je suis pas capable de jouer à tourner autour du pot pendant quarante ans. On jouait souvent à ça avec les trois autres, juste pour passer le temps, et je suis toujours le premier à craquer. Je suis pas doué aussi ! Me lancer dans un truc que j'allais forcément perdre alors que je déteste perdre. Au moins, j'étais à peu près sûr de l'avoir un minimum déstabilisé en lui crachant ma fumée au visage. Il devait pas s'y attendre, riais-je. |
| | |
Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Ven 31 Jan - 19:00 | |
| - Ouais, évidemment... Bon ok Caleb, je réfléchirai en ce cas... Dommage que tu ne veuilles pas m'aider plus que ça, mais puisque tu me le demandes, je préfère les endroits tranquilles. Quand j'ai pas besoin de me donner en spectacle quoi. Puis la foule c'est chiant à force, je m'entends pas parler, je m'entends pas penser... Enfin ça..., il rit. C'est pas trop mon truc de penser, je suis plutôt le genre de gars à foncer dans l'tas, t'auras peut-être remarqué. Après, il m'arrive de vouloir sociabiliser, juste histoire de casser les dents d'un ou deux cons.
Nos avis divergent, concernant la foule. J'aime m'y mêler. Parce que j'aime attirer l'attention, j'aime être remarqué. Il me plait de me dire que j'intéresse, que j'attire. Pour ce qui est de son tempérament bagarreur, j'avais cru le discerner en arrivant et c'est en partie ce qui avait motivé mon choix de table. Je l'ai dit, j'aime le combat, étant moi-même un adepte. Je me demande si un jour j'aurai l'opportunité de le voir en action. J'accompagne mes pensées d'un changement de position. Je me replace vers l'arrière, adossé contre la chaise, comme si j'étais le roi du monde, mais en mieux. Ouais parce que, quand on dit roi, on pense bourrin, costaud. Moi, c'est par l'élégance et l'aisance, que j'en jette.
- Y'a Marc et Louis qui sont en bas, ils veulent savoir si t'en as pour longtemps encore.
- Oui, j'en ai encore pour un moment. Enfin sauf si tu veux écourter ? m'interroge-t-il. J'ai...besoin de changer d'air. Ou plutôt non : je suis carrément intrigué par ce gars, alors j'ai envie de rester avec lui.
Je lève un sourcil d'étonnement, appréciant la signification des dernières paroles de Kell. Je le gratifie d'un hochement de tête, accompagné d'un beau sourire, ma foi fort sincère.
- Tu perds ton temps Kell...
Je sens la fatigue poindre, peu à peu. C’est sûrement dû à l’agressivité latente de ce gars, là, Kris. Je ne lui ai pourtant rien fait de particulier. Il doit se figurer que je lui vole son précieux ami. Quel con. Si c’était vraiment son ami, alors il n’aurait rien à craindre de moi. J’ai en horreur les gens possessifs. Je ne peux pas les supporter. Rien que d’y penser, ça suffit à me vriller les nerfs. J’ai trop besoin de liberté. Il est tout bonnement inimaginable que l’on m’enferme dans une cage, même dorée. Malgré moi, je commence à prendre en grippe l’ami de mon futur ami Kell. Je le prenais en pitié, à présent je le méprise. Comment peut-on croire au bien fondé d’un enfermement si cruel ? Inutile d’épiloguer là-dessus, mes idées sont bien arrêtées. Oh… lassitude, ma vieille amie. Je te vois renaître en moi, une fois de plus. Ô toi qui prends un malin plaisir à fermenter mes relations. Essayes-tu de t’attaquer à celle-ci ? Serait-ce un défi ? Une relation, c’est un fragile lien voué à la disparition. Éphémère, comme chaque chose sur terre. Certaines relations tendent à s’éterniser. La lassitude joue contre moi. Elle est la seule chose qui me met en échec. Alors je butine, voyage, de relation en relation, à la recherche de celle qui vaincra ma lassitude. C’est un appel au secours, une bouteille à la mer. J’espère sans trop y croire qu’un jour je tomberai sur quelqu’un de suffisamment retors pour me surprendre éternellement.
Kell est nerveux, je le devine à ses mouvements, ses mimiques, bien que refrénées et discrètes. Ses gestes se font plus vifs, moins calculés, plus instinctifs. L’air change de couleur entre nous. Je m’inquiète vaguement. Aurais-je loupé une étape ? Cette discussion ne peut pas s’arrêter là, elle était si bien partie… Il était si prometteur, je m’étais presque mis à espérer, chose relativement difficile pour un individu tel que moi.
Il commence à fumer la seconde cigarette que je lui ai donnée. Et d’un coup, se rapprochant de moi, il me souffle sa fumée en pleine face.
- T'avais qu'à répondre un truc convenable, t'es chiant aussi.
Je l’aurais mauvaise de dire qu’à cet instant précis, je suis pour le moins déstabilisé. Sans aller jusqu’à de telles déclarations, je me retrouve pourtant là, devant lui, exactement figé dans la position que j’avais prise trente secondes plus tôt. Je ne me suis pas défait de mon sourire, mais, s’il est attentif, il verra sûrement un fragment non contrôlé de réaction inhabituel. Il m’a surpris. Et j’en suis incroyablement euphorique. La lassitude semble se retirer peu à peu, vaincue momentanément. Pour mieux relancer, sans perdre contenance, je décide de jouer le jeu sans faire d’histoire.
- Très bien, je me décide, donc, puisque tu me le réclames si ardemment, dis-je en accentuant volontairement mon air princier pour me donner un air comique. Kell, ça me plairait pas mal de promener ma carcasse à l’air libre. J’ai besoin d’air, on étouffe ici, je désigne d’un coup de tête vague l’ensemble de la cafétéria. Si y’a un truc du type « parc » ou une connerie comme ça, je te suis. Sauf si bien sûr, tu trouves ça trop fréquenté comme lieu.
Un parc ou n’importe quel autre lieu de plein air, me dis-je à moi-même. Tout plutôt que de rester cloîtré entre quatre murs. Soyons fous, évadons-nous ! Je conclue par un de mes meilleurs sourires en coin, tout en me levant de manière décontractée de ma chaise, prêt à le suivre. |
| | |
Age : 33 Situation professionnelle : Etudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Ven 31 Jan - 21:17 | |
| Je m'attendais à ce qu'il se lève et parte, à l'instant même où je lui avais soufflé dessus. Constatant après quelques courtes secondes qu'il n'avait pas bougé d'un poil, je me tournais de nouveau vers Caleb ; effectivement, j'avais dû le surprendre, vue la tête qu'il faisait, malgré son sourire toujours gravé sur son minois. Enfin quelque chose d'un peu moins superficiel, je n'avais donc pas tout perdu !
- Très bien, je me décide, donc, puisque tu me le réclames si ardemment. Kell, ça me plairait pas mal de promener ma carcasse à l’air libre.
Je crois que j'étais un instant resté bloqué sur le "Kell", qu'il n'avait jamais prononcé auparavant. Sortant d'une autre bouche, chanté d'une autre voix, mon presque prénom sonnait différemment. En même temps, il était rare que l'on m'appelle ou que l'on me parle en utilisant "Kell". J'appréciais.
- J’ai besoin d’air, on étouffe ici, je désigne d’un coup de tête vague l’ensemble de la cafétéria. Si y’a un truc du type « parc » ou une connerie comme ça, je te suis. Sauf si bien sûr, tu trouves ça trop fréquenté comme lieu.
Comme Caleb venait de le dire, il semblait étouffer dans la cafétéria, d'un coup. Peut-être mon imprévisible réaction l'avait-elle tellement déstabilisé qu'il n'avait rien trouvé d'autre que de me sortir l'excuse du "je ne suis pas à l'aise ici". Classique, hein ? La situation en devenait presque plus plaisante. Comme si je regagnais un peu de ce pouvoir que l'on essayait de monopoliser l'un et l'autre. Quelque part, il avait l'air d'apprécier l'imprévu, j'en avais même pu tirer une réponse claire et plus précise que ce à quoi je ne me serais jamais attendu. Il se lève, me sourit, et attend très certainement que je me lève à mon tour. Ah oui, Kell est un garçon que l'on mène à la baguette, tu crois ? Je ris intérieurement en me levant, je coince ma cigarette entre mes dents et, en poussant ma chaise pour la ranger à sa place initiale, j'attrape ma veste et la case sur mon épaule. Il y avait bien évidemment un parc, mais sachant que j'y croiserais très certainement les trois autres, j'optais plutôt pour ailleurs. Il y avait bien le toit. Là, Caleb n'y manquerait pas d'air, puis c'était agréable de pouvoir observer le monde de haut. Mais pour ce qui était de la compagnie, il n'y aurait certainement pas grand monde, peut-être pas assez pour Monsieur en tout cas. "Monsieur". Je ris. Je passais devant lui et le narguais d'un lever de sourcil.
- Le toit conviendrait-il, Monsieur ? Ce n'est pas un espace très fréquenté, mais au moins, tu pourras y respirer. Mais si tu préfères le parc, on peut y aller. Au risque de croiser Kris, que tu as déjà rencontré, puis Marc et Louis, qui sont deux de mes amis.
Je le regardais en attendant une réponse. C'est vrai qu'il avait un certain potentiel charismatique. Ca se sentait à bien une vingtaine de mètres. J'imaginais bien le personnage. Caleb devait aimer se montrer. Il était fier de lui, ça se voyait. Je comprenais quelque part. Être fier de son image et de l'impression que l'on donne aux gens, au pouvoir charismatique que l'on exerce sur eux... Je ne me suis jamais trouvé moche, ni beau, je ne prêtais pas attention à l'image que les gens avaient de moi, sauf en de rares cas, comme ça l'était actuellement avec Caleb. Lui...il semblait en jouer, toujours. Peut-être était-ce naturel, peut-être qu'il se foutait juste de la gueule des gens en faisant croire que ça l'était. Je voulais croire qu'on ne me mentait pas. Mais qui peut en être sûr ? J'étais nul aux jeux psychologiques. Finalement, je l'attrapais par la veste pour le traîner sur le toit. Je voulais qu'on parle. De quoi ? J'en avais aucune idée. Je voulais juste qu'on parle. Tant pis s'il n'était pas d'accord, j'étais pas du genre à faire plaisir aux autres pour le fun. |
| | |
Age : 29 Situation professionnelle : étudiant | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. Ven 31 Jan - 22:49 | |
| (les couloirs et passerelles jusqu'aux lieux suivants ne figurant pas dans la liste de choix de RP, cette conversation s'élève soudainement sur le toit) |
| | | | Sujet: Re: Avant tout, il faut bien commencer. | |
| |
| | | | Avant tout, il faut bien commencer. | |
|
Sujets similaires | |
|
Page 1 sur 1 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|