Le client est roi !

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

J'attendais, le coude posé sur le bar, la tête posée dans ma main, un torchon propre accroché a mon tablier. La brasserie était vide et le patron n'était pas là. Je me dandinais d'un pied sur l'autre, les jambes fatiguées d'être restée debout toute la journée. Le soleil commençait à se coucher et des rayons de lumière orange envahissait la pièce. Il n'y avait pas eu un seul client aujourd'hui, et je m'ennuyais fortement. Pourquoi le patron cherchait une serveuse, si il n'y avait personne qui venait dans cette foutu brasserie ?! Sûrement pour échapper à cet ennuis immense... Je soupirai fortement et m'assis sur le bar en fredonnant les paroles de la musique qui passait a la radio. M'asseoir soulagea mon dos et j'eu un second soupire, de soulagement, cette fois. Je baissais les yeux, en regardant mes pieds se balancer dans le vide.
Puis,le tintement de la clochette de la porte d'entrée me fit sursauter.

Bon, la journée avait été longue, une après-midi séance photo dans l'unique studio de mannequinat de ce bled paumé au milieu de nulle part. Autant parfois je m'en foutais, autant la routine s'avérait des fois, franchement barbante.
Heureusement j'avais pu récupérer mon foutu contrat grâce à la communication internet, j'allais pas devoir tapiner sur le bord des routes pour éviter de crever la dalle. A propos de route, j'avais sacrément mal aux pieds à force de marcher avec des talons dont la hauteur allaient allègrement de huit à douze centimètres, je décidais de m'accorder une pause alcool bien méritée. J'aimais bien les fins d'aprèm, surtout quand le soleil adoucissait l'atmosphère sans nous éblouir la gueule. En arrivant dans la rue des cafés, j'entrerai dans n'importe lequel, pourvu qu'il ait pas l'air mal fréquenté.

Je passais devant deux trois gargotes fermées, et poussais la porte devant laquelle je m'étais arrêtée un peu par défaut. La clochette -oui il y a encore des gens assez rétros pour mettre des clochettes à leur porte- tinta. Le son métallique était assez puissant ce qui réveilla l'unique serveuse qui avait l'air de grave s'emmerder à son bar. La pauvre, pensé-je. Moi aussi d'ailleurs, la tranquillité me dérangeait pas vraiment mais delà à fréquenter un bar vide, fallait vraiment pas avoir peur du silence.

Je saluai la serveuse d'un "bonjour" souriant et vint m'asseoir devant elle. C'était tout juste si je n'avais pas usé de mes dernière force pour élever ce postérieur encombrant sur le haut tabouret face au bar. Le sac sur mes genoux, j'observais l'intérieur, qui n'était pas dégueulasse. Je me dis qu'il devait être plus fréquenté le soir et par des étudiants le week-end. J'étais bien trop conne pour faire des études, moi. Et tant mieux d'ailleurs.

En attendant que la serveuse reprenne ses esprits, et surtout pour détendre cette atmosphère trop silencieuse, gênante et presque intrusive, je lançais quelques mots à la brune.

- Pas grand monde, hein... Dites, vous faites des Singapore Sling ?

J'aimais pas mal la couleur de ce cocktail un peu rouge-orangé. Avec de la cerise dedans, que demande le peuple ? Je m'accoudais sur le bar pour retenir ma tête déjà trop lourde et pas démaquillée de la séance. C'est pas tout mais j'ai soif.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

Je souris instinctivement, du sourire sûrement le plus faux que je puisse faire, à la cliente.

-Non c'est vrai pas grand monde... Je dois faire peur aux clients. Et bien sûr,je vous fais ça tout de suite.

Mon sourire devint un peu plus vrai et je commençais à préparer ta commande. En une seconde,je t'avais dévisagé du regarde, mais mon regarde avait été trop bref pour être réellement gênant. J'avais constater ton look que je trouvais banale, ton maquillage qui me paraissait bien trop chargé et tes cheveux que je trouvais bien trop blond pour être vrai. J'évitais tout autre regarde sur toi et me concentrais plutôt sur ce que je faisais. Lorsque j'eu fini, je posais ton verre devant toi et te souris à nouveau.

- Et voilà, un Singapore Sling pour madame.

J'essuyais machinalement le bar, bien qu'il était propre, mais c'était un automatisme chez moi, dû aux longues soirées que j'avais déjà passé derrière le bar.
Je m'appuyais contre le bar et tentais de commencer à discuter.

-Vous venez souvent par ici ?

La serveuse brune me répondit drôlement que c'était sans doute sa faute s'il n'y avait pas de clients. Allons bon. Faudrait vraiment être fou pour avoir peur de cette serveuse. Elle avait un look assez improbable il faut l'admettre, mais rien de choquant. Je la regardais s’exécuter tout en réfléchissant à comment et pourquoi devrait-on avoir peur d'elle. Je me disais que c'était peut être une psychopathe réputée du coin et que j'étais tombée dans un putain de guet-apens. Je me fis rire intérieurement. Bref coup d’œil sur mon téléphone histoire de vérifier que j'avais pas reçu un message sympa qui me dirait que je suis l'heureuse gagnante de la coquette somme de cent mille euros, mais je vis juste l'écran vide qui affichait l'heure, c'était plutôt déprimant. D'un sourire, elle déposa le verre.

- Et voilà, un Singapore Sling pour madame.

Je constate que j'aime bien le bruit que fait un verre lorsqu'on le pose sur une table, mais le silence ambiant le rendait légèrement embarrassant. C'est pas mal de se faire appeler "madame" en fait, même si ça fait un tant soit peu matrone de maison close. Elle était plutôt rapide et efficace, tant mieux, espérons que le cocktail serait du même ton. Je la remerciais et commençais à siroter le Saint Graal, en regardant la serveuse essuyer le bar déjà propre. Putain elle devait vraiment se faire chier.

-Vous venez souvent par ici ? me demanda-t-elle, s'appuyant contre la table du bar qui devait désormais être plus propre que propre.

"Pas mal" me dis-je après quelques gorgées. Au moins j'avais pas perdu mon fric dans une boisson. J'allais de toute façon pas trop tarder, pas envie de me faire emmerder par des cons sur le chemin. Et grand besoin de m'étaler dans mon lit.

- Non pas vraiment, j'avoue que c'est même la première fois. Coup de fatigue après le travail... Et vous, ça fait longtemps que vous taffez ici ? C'est pas fou on dirait...

Je pris un air compatissant. C'était sûrement pas très éprouvant comme boulot, mais quel ennui...

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Je souris.

-Non, c'est vraiment pas fou ici... Et non, ça fait pas longtemps que je travail ici. Le patron cherchait un serveuse, et je l'ai jamais vu depuis que j'ai été embauchée... Mais bon, il y a plus de monde le week-end. Et puis, j'avais besoin d'un taf alors... Mais c'est sûr que ça change des autres bars et brasserie ou je travaillais, avec les mecs bourrés, shootés, les deux en même temps... Ceux qui dorment sur une chaise, voir par terre, et ceux qui vienne avec leur plan drague que l'on sens à 10 000 kilomètres... Mais bon, ça drôle, des fois, ça mets de l'animation quoi.

Mes yeux se perdirent trois secondes dans le vide a l'évocations de ses souvenirs, pourtant pas si vieux, mais qui me paraissaient déjà lointain.

-Et vous ? Vous faites quoi comme boulot ?

La brunette avait l'air penseur lorsqu'en me répondant elle évoquait ses multiples emplois du passé. Apparemment c'était pas la première fois qu'elle bossait dans un bar. Moi j'trouvais ça pas mal courageux, faut supporter les boulets, surtout en tant que fille, et les soirées coincée au bistrot pendant que tes potes sont en train de se mettre cher en ton absence. Le fric est bien la seule chose qui aurait pu me motiver...

- Il a l'air de s'en tirer le patron, j'espère que ça paye bien au moins ! Moi j'suis mannequin, j'ai laissé tombé les études, ça m'faisait chier. Mais sinon, tu bosses à temps plein ou tu suis un cursus à la fac ?

Ça m'saoulait en fait. Ça m'saoulait parce que je savais qu'elle penserait que je suis une fille superficielle, et ça me saoulait d'autant plus qu'elle aurait pas tort. Je décidais de penser à autre chose que mon image, et j'aspirais encore quelques gorgées de cette liqueur.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

-Oh oui il s'en tire bien...

Je te jetais un coup d'oeil a l'annonce de ta profession.

-Ah, le mannequinat... J'ai été mannequin une fois dans ma vie, un ami voulais se lancer dans la photographie, alors j'e l'ai aidé. Mais ce n'est pas mon truc... Le maquillage, les projecteurs, les regards sur moi... Ce n'est pas un métier pour moi.

Je raccrochais mon torchon à mon tablier et jouai avec un des coins de celui-ci.

-J'étudie à la fac la fac en parallèle. En langue. Mais je déteste l'école...

Je ne savais quoi ajouter, l'ambiance était toujours un peu tendu. Mais je n'appréciais pas les filles. Pas toi en particulier, toutes les filles ne général. Les filles parlent de maquillage, de verni de cheveux de potins, elles se battent lorsqu'elles s'envient, elles boudent quand une parle avec un garçon qu'une autre convoite... Je ne supportais pas les filles, leurs voies aiguës, leurs manies...

- Oh oui il s'en tire bien...

Venait confirmer mes premières paroles.

-Ah, le mannequinat... J'ai été mannequin une fois dans ma vie, un ami voulais se lancer dans la photographie, alors j'e l'ai aidé. Mais ce n'est pas mon truc... Le maquillage, les projecteurs, les regards sur moi... Ce n'est pas un métier pour moi.

En effet, elle semblait être d'une taille règlementaire pour ce genre de boulot. La taille règlementaire, j'ai toujours trouvé ça un peu bâtard. On croise parfois des profils incroyables à qui il manque dix centimètres. Ça fait "élite", et dieu sait à quel point je déteste ce mot.
Elle semblait avoir aidé un ami en freelance. C'est sans doute le seul domaine où l'on a plus de libertés. Mais il y a l'argent aussi. L'argent toujours, partout.

- Ouais... Mine de rien, c'est assez éprouvant. Il y a des tas de choses auxquelles les gens ne pensent pas quand on leur parle de mannequinat parce que ça demande pas un lourd Q.I.. Et sinon, c'était pour quel type de photos ? Le résultat te plaisait vraiment pas ? Comme quoi, toutes les filles qui n'aiment pas la fac finissent pas forcément dans les métiers du paraître.

J'étais quand même bien consciente d'être un cliché. J'aurais pu finir coiffeuse ou maquilleuse, ç'aurait été pareil. La fille un peu débile qui finit par faire des boulots et des formations que les gens jugeront comme simples et ne demandant pas des capacités cérébrales extraordinaires. C'est sûr qu'à côté d'un gars qui fait huit ans de médecine on fait un peu tâche. D'un coup, je me demandais comment elle se situait, elle. Je l'observais assez méticuleusement, elle tripotait son torchon. Ouais en fait non, ça se trouve elle se situait même pas, on n'est pas obligé après tout.

- T'fais quoi comme langues ?

Les langues c'était à la limite mon seul point fort, le truc qui m'avait un peu sauvé. Avec mon niveau d'anglais et de français. Mais j'étais un peu trop vulgaire sans doute, quand j'écrivais. Loin de la grande littérature et des trucs de têtes d'ampoules.

Tout en sirotant j'arrivais peu à peu à la fin de mon verre.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

- Ouais... Mine de rien, c'est assez éprouvant. Il y a des tas de choses auxquelles les gens ne pensent pas quand on leur parle de mannequinat parce que ça demande pas un lourd Q.I.. Et sinon, c'était pour quel type de photos ? Le résultat te plaisait vraiment pas ?

Je m'accoudai sur le bureau.

-Un peu de tout... Quelques photos avec mes fringues quotidiennes.

Je souris lorsque je prononçai le mot "quotidiennes" car je portait en réalité très peu de vêtements "normaux". J'avais mon propre style, et c'est quelque chose qui m'amusais beaucoup.

-Puis après quelques... j'sais pas comment on pourrais appeler ça. Des mise en scène ? Ouais un truc du genre. Avec des tenues plus originales.

L'ironie de ce mot me fit sourire également.

-Des trucs style robes de soirée, qu'on avait pris a la salle de balle, et d'autre trucs. C'étais amusant, mais sans la partie "maquillage-coiffage" ça aurais été mieux. Puis bon, c'était pour lui, il a été engagé par un magasine de mode, et au final, on ne s'est pas trop revu depuis. Il a beaucoup de boulot en fait.

- T'fais quoi comme langues ?

Je mit les mèches de cheveux qui retombaient sur mon visage derrières mes oreilles.

-Anglais, russe, japonais. L'anglais, parce que c'est ma langue natale, je suis née aux Etats-Unis mais j'ai déménagé après. Le japonais parce que c'est un pays qui me fascine... Il réussi a mélanger la technologie de pointe et ses folklores. J'aime bien les folklores, c'est quelques choses qui me fait rêver, en quelques sortes.

Je baissais la tête, je n'aimais pas vraiment parler de moi, mais puisque tu me posais la question, je tentais de conserver une conversation agréable.

-Donc voilà.

Mais je cessais là tout de même, ne justifiant pas le choix de la dernière langue.
Lorsque je jetai un coup d’œil a ton verre, je m’aperçut, qu'il était presque vide.

-Je te ressert un verre ?

Je me retournai pour prendre ce dont j'avais besoin pour refaire ta boisson.

En l'écoutant parler, je reposais la tête contre mon poing gauche, qui devait me donner un air assez peu élégant, étirant le coin de ma lèvre et écrasant un peu la peau de ma joue. Mon coude droit était désormais attablé au bar et sa main était coincée au creux de mon bras gauche. J'aimais bien me sentir confortablement installée lorsque j'écoutais les histoires des gens.

Elle avait posé pour divers type de photographies, une certaine nostalgie s'en dégageait. Il était étonnant de la part de quelqu'un qui soignait son look et se maquillait, de ne finalement pas apprécier ce genre de boulot. Peut être le contact et la contrainte ? Au fond c'était pas mes affaires.

Arrangeant ses cheveux derrière ses oreilles, elle poursuivit. J'appris qu'elle parlait - apparemment couramment - trois langues, toutes très différentes. L'anglais que je connaissais bien, et les États-Unis, un peu seulement. J'avais toujours trouvé le japonais et le russe d'apparence difficile, mais j'étais capable de les reconnaître à l'oreille. J'avais pour projet de visiter quelques pays de plus un jour, je n'avais pas pu voyager au gré de mes envies suite à un emploi du temps trop chargé. Le froid de la Russie m'avait de toute façon, fait renoncer à y aller.
Elle conclut son flot de parole par un "donc voilà" quelque peu effacé, et se remit à la préparation. Elle ne parla pas du russe, je décidais de ne pas m'aventurer sur une pente potentiellement glissante.

Je la regardais toujours, un peu dans le vide mais consciente quand même.

- Je veux bien, merci.

Je marquais une courte pause avant de reprendre la conversation, parce qu'il faut des pauses dans la vie. Me relevant de ma pause avachie, je saisis mon portable pourri que j'avais laissé dans la poche de ma veste en jean. Le temps passait plus vite que prévu, j'allais devoir quitter les lieux une fois mon deuxième verre fini. Par réflexe, je m'assurais que mon porte monnaie comptait bien le montant nécessaire pour payer ma commande et une fois tout ces mouvements exécutés avec un mécanisme presque effrayant, je décidais de reprendre la conversation avec mademoiselle.

- J'ai vécu quelques temps à Miami, pour le boulot. C'était chouette, les States. Les paysages surtout. T'étais d'où toi ?

J'étais assez curieuse de savoir de quel état elle était originaire. Les States étaient assez vastes pour que le paysage soit radicalement différent d'un endroit à l'autre du pays. D'un coup, je me demandais si elle était déjà allée au Japon et en Russie. Mais la Russie faisait partie des sujets peut-être tabous, je n'aurais sans doute jamais de réponse.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

- J'ai vécu quelques temps à Miami, pour le boulot. C'était chouette, les States. Les paysages surtout. T'étais d'où toi ?

Je souris en finissant de te servir. Je pris le temps de ranger les bouteilles, essuya machinalement le bar et répondit:

-Un peu partout. J'ai fait les USA, le Nevada, notamment, étant petite. Puis le Japon. Toyko, Kyoto et les provinces aussi. La Nouvelle-Zélande, le Brésil... Mon père voyageais beaucoup, à cause de son travail. Et j'ai terminé en France. La Bretagne, surtout. C'est très très jolie la Bretagne. J'aime beaucoup. Et donc je parle français aussi. Mais avec bien plus de facilité que les autres langues, donc je ne l'étudie pas. Même si il arrive parfois qu'on me fasse remarquer que j'ai un accent. Mais c'est assez rare. Et quand je parle une autre langue, on me fait la réflexion comme quoi j'ai un accent français.

Je rigolais légèrement.

-J'ai donc pas vraiment de "chez moi". C'est compliqué de se sentir chez soir, quand on à autant voyager.

Je te souris gentiment. Tu étais plus sympathique que les autres filles, et c'était plutôt rassurant, j'étais donc pas un OVNI. Quoi que, tu ne m'appréciais peut-être pas !

Il était déjà tard, j'sortais de la salle de sport, on avait joué à faire de la boxe anglaise avec Kris, et j'étais fatigué. Il avait des trucs à faire, de mon côté, y'avait personne à voir, tous occupés, ouais, mes camarades avaient soit disant des trucs plus intéressants à faire que de passer la soirée avec moi. Puis j'étais un peu...comment on dit ? "Morose", fatigué, mais pas la fatigue due à l'effort, plutôt la fatigue due à l'ennui. Un truc comme ça, ouais.
Justement, j'passais devant un bar ouvert, pourquoi pas y poser mon cul, et boire jusqu'à pas d'heure ? Je passais le pas de la porte, j'm'attendais presque à ce que ça fasse "dling dling" mais que dalle. Je me pose lourdement sur le bar, m'accoude et demande une bière. Je tiens mon front entre mes mains, me masse les tempes. Putain, faut que je trouve un soir pour qu'on aille voir de quoi retournent ces "tournois", avec Caleb. J'me fais tellement chier, j'ai trop peur d'être déçu et de voir que ces compétitions seront finalement des vieux trucs improvisés qui n'auront aucun intérêt et qui ne seront en aucun cas aussi passionnants que ce à quoi j'm'attends.
Je relève un peu la tête pour me changer les idées, et constate qu'à, allez, deux sièges de moi, se tient la meuf de chez le fleuriste. Je soupire et tourne la tête, place ma main de façon à ce qu'elle ne puisse pas reconnaître mon visage, en essayant de faire ça naturellement. Je crois quand même avoir soupiré trop fort, mais j'm'en fous au fond. Du moment que j'avais ma bière...

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Je t’entendis entrer mais te laissa t'installer. Je ne pu m'empêcher d'être soulagé qu'un homme entre dans le bar, je n'avais rien contre les filles, mais je les trouvais... ennuyant. Tu pris ta commande et demanda.

-Leffe, 1664, Desperados, Kronenbourg, Heinken.... ? Blonde, Brune ? Ou peut être une pression ?

J'attendais ta réponse en attachant mon torchon à ma ceinture et sortie un verre à bière. En attendant ta réponse, je dévisageais les traits de ton visage. Je remarquais la fatigue qui traversais légèrement ton visage, la ligne de khôl sous tes yeux, qui te donnais un air... sombre. Je m'ennuyais tellement, que je me fichais biens que tu me remarques lorsque je te dévisageais, bien qu'il n'y ai aucune expression sur mon visage, autre que celle d'une neutralité impeccable, décoré d'un sourire juste polie, et faux, au passage, puisque je me faisais littéralement chier. Je préférais de loin un salle pleine à craquer, avec des rires bourrus et une bonne ambiance générale. Et les mains sur les fesses. Ça allait avec. C'étais le prix à payer pour avoir une bonne rentrée d'argent en une soirée. Et voir une prime arriver.

- Leffe, 1664, Desperados, Kronenbourg, Heinken.... ? Blonde, Brune ? Ou peut être une pression ?

Je crois que j'avais mis du temps à entendre la question. La fatigue. Putain j'devais réfléchir, j'me souvenais même plus de ce que j'prenais d'habitude.

- Skoll... Ou Kirin si vous avez pas de Skoll.

Je secouais lentement la tête en regardant la serveuse. J'avais jamais mis le pied ici, et la nana me disait rien du tout. P't'être une nouvelle échouée sur Edna. Je repensais à Caleb et sa présence sur l'île. Soupir. Mais au fond, tant mieux. Ca m'fait toujours de l'occupation et puis... Oh merde, pourquoi est-ce que j'pensais ? Ta gueule Kell, ta gueule.

- Et j'veux bien un truc à grailler aussi, genre chips ou...un truc à grailler quoi.

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Skoll. Ma bière préféré. La tentation d'en prendre une pour moi fût très forte. Je la décapsulais et te la donnais avant de réfléchir à ce que je pourrais te donner. Je fini par sortir une planche à découpé et un saucisson. Je te découpais des rondelles, fines, comme je préférais les servir. Je laissais le couteau sur le bord de la planche au cas ou tu en voulais plus. C'était un couteau particulièrement long, mais fin, important pour la précision. Je le laissais bien en vue en jetant un rapide coup d'oeil à la nuit qui tombais.

-Ça te va ? J'ai autre choses sinon...

Je poussais tout de même la planche à découpé vers toi, après avoir rapidement pris quelques morceaux dans le creux de ma main, je les mangeais et passais un coup de torchon sur le bar. L'ambiance était plate, je détestais ça et je ne savais pas quoi faire pour qu'elle devienne plus agréable.
Puis, la porte s'ouvrit sur un groupe de jeune que j'avais l'habitude de servir, il venais régulièrement. Je partie demander leur commande. C'étais des habitués, ils prenaient toujours tous la même chose. Il me saluèrent, comme à l'heure habitude, en me charriant sur le fait que je ne servais pas en topless et que je n'avais pas de minijupe. Je ne répondit que par un sourire poli et nota leur commande. Lorsque je partie pour servir leur commande, l'un deux laissa ses mains traîner sur mon arrière train. Je ne relevais pas mais mon sourire disparut dès que je leurs tournais le dos.

Elle avait de la Skoll, c'était plutôt cool ça. Elle me décapsula la bouteille avant de la poser devant moi. Je l'attrapais aussitôt pour la faire tourner un peu sur le bar, y laissant des traces plus ou moins rondes d'eau fraîche. Je relevais le visage vers la serveuse, qui découpait du saucisson. J'avais failli demander si elle aurait pas, à tout hasard, des beignets, mais dans un bar, eh, évidemment qu'non, y'aurait pas de beignet. Elle déposa son travail devant moi :

- Ça te va ? J'ai autre choses sinon...

J'acquiesçais en me mordant la joue. J'étais pas un grand fan de charcuterie, mais le saucisson, ça allait. Et avec la bière, c'était pas mal. J'avais entendu quelques trucs dessus, rapport au fait que si la bière était versée dans un verre plus ou moins propre, elle faisait plus ou moins de mousse. Ce genre de débilités dont tout le monde se fout. Je me demandais si les gens qui travaillaient dans les bars faisaient gaffe à ce genre de détails. S'ils laissaient sécher leurs verres à l'air libre ou s'ils les essuyaient au torchon.
Je ris intérieurement. C'était quoi ces pensées là ? Je devais vraiment m'faire chier pour que des trucs comme ça me traversent l'esprit. Je pris une rondelle de saucisson et me tournais légèrement pour regarder les gens qui venaient d'entrer, en espérant au fond de moi que j'connaîtrais au moins l'un d'entre eux et que j'pourrais aller squatter. Mais non, personne de connu. Ou juste de tête. Je pestais en avalant mon bout de saucisson et me retournais face à ma Skoll. En observant le logo, je pensais à Thorsten. Putain de viking. Le gars, il lui manquait que le casque, et il pouvait partir en mer, ça l'ferait. Mais qu'est-ce qu'il est venu foutre ici lui aussi ? Les gens sont trop cons, bordel...
J'avais décidé de passer ma sale humeur sur les tranches de saucisson, qui disparurent comme du petit pain. Le contenu de ma bouteille aussi, il s'était envolé. J'avais même pas fait gaffe, je l'avais déjà terminée. Je sentais que j'allais passer ma soirée à boire si je restais ici. En même temps, j'avais rien d'autre à foutre, j'avais pas de quoi me priver. Je levais un bras pour interpeller la serveuse.

- T'aurais pas un truc à me proposer ? J'tiens bien l'alcool, et j'aimerais pas avoir à payer quarante bouteilles de bière juste pour avoir l'impression de pas marcher droit.

Le saké, c'était pas assez fort, mais peut-être que quelques verres de vodka pourraient faire l'affaire...? Ah merde, Kris m'avait fait goûter un truc pas mal la dernière fois, et vu qu'on avait fait les cons, on s'était retrouvés endormis juste devant la mairie et on avait échappé de peu à l'amende pour tapage nocturne...

- Ou sinon, un truc qui s'appelle... Cocaïne quelque chose. C'est bleu, et c'est en shot. T'aurais ça ?

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

- T'aurais pas un truc à me proposer ? J'tiens bien l'alcool, et j'aimerais pas avoir à payer quarante bouteilles de bière juste pour avoir l'impression de pas marcher droit. Ou sinon, un truc qui s'appelle... Cocaïne quelque chose. C'est bleu, et c'est en shot. T'aurais ça ?

La tête penché sur le bar, j'eu un léger sourire, plutôt ironique.

-Mec, si t'arrive à avaler quarante bières, tu deviens mon dieu... Mais non, j'ai pas de cocaïne...

Là encore je souris.

-Mais je peu te trouver un truc fort si tu veut, ou en créer un, c'est facile à faire.

J'avais vraiment cru que j'allais apprécié ce type quand il est entré dans le bar, mais là... Je retournais servir le groupe de jeune et reviens derrière mon bar. Je te dévisageais un énième fois. Tu étais juste légèrement musclé, et vu la manière dont je t'avais vu te déplacé, tu faisais sûrement de la boxe.

- Mec, si t'arrives à avaler quarante bières, tu deviens mon dieu... Mais non, j'ai pas de cocaïne... Mais je peux te trouver un truc fort si tu veux, ou en créer un, c'est facile à faire.

Je crois qu'il y a confusion sur ma demande là... Elle partit sans me laisser le temps de me justifier. Je la suivis du regard. Comme si j'étais pas cap' de boire quarante bières. Ca me ferait un bid' énorme, je pourrais plus vraiment bouger, mais je pouvais le faire, eh, je suis pas une tapette. Elle servit l'autre groupe et revint. Sans lui laisser le temps de repartir, j'amorçais :

- J'crois que le truc que j'demande, c'est un mélange de vodka, ou de rhum, j'sais plus, puis de tequila et... le truc bleu là, qui fait penser à un nom d'oiseau... Caraco...curaco... Bref, pas de la cocaïne. J'suis pas con au point de te demander en lieu public si t'as ce genre de truc... Cocaïne, c'est le nom du cocktail.

Je ris. Si j'avais pensé qu'on me prendrait pour un drogué... Mais au moins, c'était marrant, et je pensais pas, ce soir, être capable de rire. J'avais pourtant encore rien bu de vraiment prenant.

- Mais sinon, te prend pas la tête, fais-toi plaisir, et sers moi un truc de ta composition...

Je me coupais un morceau de saucisson pour le gober, tout en regardant la serveuse. Il s'rait p't'être temps d'avoir un nom à lui mettre dessus, histoire que je lui demande qu'elle me fasse des prix si elle était cool.

- D'ailleurs, j'en ai marre de t'appeler "serveuse" dans ma tête. Tu t'appelles comment ? Et t'es peut-être pas que serveuse aussi. J't'ai jamais vue. Pourtant ça fait longtemps que je traîne dans ce bled paumé.

En même temps, est-ce que je faisais vraiment gaffe aux gens quand ils se faisaient discrets ? Ceux qui marquaient mon esprit étaient ceux qui parlaient fort, se montraient castagneurs, se faisaient remarquer quoi. J'pense pas que si j'l'avais croisée elle, elle m'aurait laissé un véritable souvenir. Peut-être son look. Et encore. J'faisais rarement gaffe à ce genre de choses, à moins que ça ne soit vraiment moche au point de se faire remarquer. Ou beau d'ailleurs.
Je jetais un œil furtif à la nana de chez le fleuriste. Elle buvait tranquillement sa boisson. Tant mieux.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

-Ah, oui, je vois se dont tu veux parler.

Je me retournais pour prendre ce qu'il me fallait pour ta commande et me mit face à toi.

-Excuse moi de la confusion, mais c'est un cocktail qu'on me demande pas souvent, tu vois...

Je fit ton cocktail et poussais le verre vers toi.

- D'ailleurs, j'en ai marre de t'appeler "serveuse" dans ma tête. Tu t'appelles comment ? Et t'es peut-être pas que serveuse aussi. J't'ai jamais vue. Pourtant ça fait longtemps que je traîne dans ce bled paumé.

J'aimais bien la façon dont tu formulais tes phrases.

-Mon nom, c'est Sasha. Et j'suis aussi étudiante en fac. Rien de flagrant. Pas étonnant que tu ne m'ai jamais remarqué. J'préfère de loin la discrétion au tapage.

Je souris. Mais c'était un sourire pour moi. J'adorais dire que ma vie n'avait rien de trépidant. C'était tellement ironique.

-Et toi ? C'est quoi ton nom ? Tu fais quoi de particulier ?

Ouais, finalement, j'l'ai eu mon cocktail. Il avait une jolie couleur bleue, un peu comme...j'sais pas, parce que du bleu comme ça, j'en ai jamais vu dans la nature. Donc j'dirais bien comme du dentifrice Colgate. Je pris le verre pour le faire tourner entre mes doigts.

- Mon nom, c'est Sasha. Et j'suis aussi étudiante en fac. Rien de flagrant. Pas étonnant que tu ne m'aies jamais remarquée. J'préfère de loin la discrétion au tapage. Et toi ? C'est quoi ton nom ? Tu fais quoi de particulier ?

- Sasha ? C'est pas un nom de mec ça ?! reprenais-je surpris et en me levant. Putain, mais...moi j'ai un prénom de nana ! Enfin un peu, mais du coup, ça fait...un..."heureux hasard", tu vois ?

Constatant que je m'étais emballé un peu rapidement, et surtout parce que je me sentais vachement con debout devant la serveuse là, Sasha, je me rasseyais vivement et reprenais mon verre, comme si de rien n'était.

- Je m'appelle Qaeli (se prononce "Kelly"), mais on m'appelle Kell. Justement parce que Qaeli, ça fait nana. Et je suis à la fac aussi, j'crois.

"J'crois" parce que j'y mettais si peu les pieds. Enfin j'y allais plus trop, mais si Caleb y va, faudrait que je sache en quelle section il est déjà, et ensuite, je pourrais voir si ça me motive pour retourner en cours... A voir. J'aurais dû me contenter du sport, le reste, ça m'fait tellement chier. J'suis pressé de me barrer d'ici. Enfin de trouver un moyen déjà. Parce que bon, c'est bien beau de dire que je veux partir, si je peux pas le faire.
Je regarde mon verre pour le gober. Après tout, les shots, ça se boit comme ça non ? Ceci fait, je réclame d'un sourire un autre shot de la même boisson.

- Et tu voudrais faire quoi plus tard ? J'veux dire...autant qu'on puisse espérer de c't'île, riais-je ironiquement.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

- Sasha ? C'est pas un nom de mec ça ?! reprenais-je surpris et en me levant. Putain, mais...moi j'ai un prénom de nana ! Enfin un peu, mais du coup, ça fait...un..."heureux hasard", tu vois ?

Tu te rassis et continua:

- Je m'appelle Qaeli, mais on m'appelle Kell. Justement parce que Qaeli, ça fait nana. Et je suis à la fac aussi, j'crois.

Ta réaction me fit rire intérieurement, bien que d'apparence, j'avais ce sourire figé et presque faux. Je ne savais pas sourire alors.

-C'est masculin à l'origine, mais les américains en on fait un prénom mixte. Mais ça c'est pas trop étendu, en fait. Quand on parle de moi, souvent on crois que l'on parle d'un garçon.

Je gardais pour moi le fais que ce n'était pas uniquement dû a mon prénom et enchaîna:

-Kell, ça a plus la classe que Qaeli. Enfin je trouve.

Je te resservit un shot et repoussais le verre vers toi.

- Et tu voudrais faire quoi plus tard ? J'veux dire...autant qu'on puisse espérer partir de c't'île.

Je levais les yeux vers toi, c'étais un question qu'on ne posais pas souvent. T'étais le genre de gars à demander des truc qui change de l'ordinaire, toi. C'était fun.

-Moi ? Haha. J'ai pas vraiment un bonne vision de l'avenir tu sais. J'doit avouer que, même si ma vie est pas trépidante, j'voudrais qu'elle reste comme ça tout le temps. J'aime pas, cette idée de vieillir, qu'il faut trouver un travail bien, devenir parent plus tard... Tout ça c'est pas pour moi. Haha.

Je marquais un courte pause avant de reprendre.

-Mais je pense qu'il y a un moyen de partir d'ici. Il y en a forcément un. Et dès que j'aurais trouvé, j'partirai d'ici. Et toi ? Tu veut faire quoi plus tard ?

- Moi ? Haha. J'ai pas vraiment un bonne vision de l'avenir tu sais. J'dois avouer que, même si ma vie est pas trépidante, j'voudrais qu'elle reste comme ça tout le temps. J'aime pas, cette idée de vieillir, qu'il faut trouver un travail bien, devenir parent plus tard... Tout ça c'est pas pour moi. Haha. Mais je pense qu'il y a un moyen de partir d'ici. Il y en a forcément un. Et dès que j'aurais trouvé, j'partirai d'ici. Et toi ? Tu veut faire quoi plus tard ?

Je fixais en face de moi, vers les bouteilles exposées sur les étagères au dos de Sasha. Moi aussi, j'trouvais que j'avais une vie de merde, mais envisager l'avenir, d'un coup, ça me faisait penser que, pareillement que Sasha, je préférais rester comme ça, plutôt que de commencer à penser aux responsabilités, aux enfants, etc.

- Ouais je suis d'accord, souriais-je faiblement.

Cul sec, de nouveau. J'espérais que l'alcool monterait rapidement, j'en avais marre là, de ce qui m'entourait. Je voulais dormir, ou bouger, mais je me faisais tellement chier. Je tendais mon vers à Sasha pour lui demander de m'en resservir.

- Plus tard. J'sais pas c'que je veux. A part partir d'ici, j'veux dire. J'crois que j'veux voyager, mais j'en suis pas sûr non plus, vu qu'j'ai jamais fait. Si ça s'trouve, lorsque je partirai, je voudrais revenir parce que j'me ferais chier dehors, riais-je. Mais j'ai du mal à imaginer que ça puisse être plus chiant qu'ici. Heureus'ment que je connais des gens cools et que j'trouve toujours des excuses pour me taper des mecs cons qui se croient trop forts pour pouvoir me battre.

Je soupirais longuement.

- Si tu trouves un moyen de te casser, tu m'le diras hein.

C'était plutôt une affirmation qu'une question, j'voulais pas qu'elle me réponde non. Puis j'pourrais embarquer Louis, et les autres. Puis Caleb, comme ça ses parents feront plus chier, ils sauront même pas qu'il est en liberté, et on fera l'tour du monde entre jeunes mecs cons. La vie.

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

J'écoutais en te remplissant ton verre.

-Je voyageais avant. J'ai vu beaucoup de pays. Toujours changer. C'est bien mieux, je trouve, que mener une petite vie tranquille, métro boulot dodo. Enfin, je m'en tire bien, ma vie actuelle ne ressemble pas à ça.

Mais ce n'est pas cette partie de ton discours qui avait attirer mon attention.

-Tu te bats dans la rue ? Enfin...

Je me posais sur mes coudes, face à toi, avec un aire un peu plus intéressée.

-Tu fais des combats de rue ?

Je souriais. Un vrai sourire, pour une fois, pas un faux. Mais c’était ce genre de sourire que possédait le chat du Cheshir dans Alice aux pays des merveilles, un sourire, qui avait-ce je-ne-sais-quoi, inquiétant mais pas trop. Je tapotais le bar de mes doigts, lentement et régulièrement. Mes ongles créait un léger cliquètement régulier. J'avais appuyé mon menton dans le creux de ma main.

Sasha se pencha sur le comptoir pour mieux me regarder. Enfin j'voyais la chose comme ça. Je savais pas que ce genre d'annonce pouvait susciter de l'intérêt chez des gens normalement foutus. Faut croire qu'elle l'était pas. J'approchais le verre de ma bouche tout en remuant un peu l'alcool qu'il contenait. Je savais pas si je devais la regarder dans les yeux, et du coup, je choisis de fixer d'un air mécontent le peu de liquide qui se cognait contre les parois de mon petit verre.

- Ouais... J'sais pas si on peut dire que j'fais "du combat de rue", ça fait un peu officiel tout ça, et on est bien placé pour savoir que c'est plutôt pas le cas de l'être...

J'avalais mon verre cul-sec et le posais devant la serveuse. Il cogna un peu fort contre le bar, sans que je l'ai voulu. Ca voulait p't'être dire que ça commençait à me faire de l'effet. Mais je le ressentais pas encore assez pour m'arrêter ici. Ca faisait quoi ? Trois, quatre verres à tout casser ? J'étais pas un p'tit joueur, j'allais pas m'contenter d'ça.

- Ca m'fait passer l'temps. On s'fait tellement chier en même temps, qu'est-c'tu veux faire d'autre ? Au moins, ça fout la rage et t'as l'impression d'vivre. Un peu comme un chien qui s'débat alors qu'il est sur le point de crever. Les animaux en fait, ils ont cet instinct qui fait qu'ils se débattent jusqu'à la mort.

Les humains aussi tu m'diras, parait que quand on se pend, on se débat quand même vers les derniers instants, réflexe corporel.

- Tu t'bats toi ?

**Sasha Wesson** Situation professionnelle : étudiante

Je suivis la totalité de tes gestes du regards, le menton toujours posé dans le creux de ma main. J'analysais ton geste, la manière de tenir ton verre, la force avec laquelle il avait frappé le bar, le ton de ta voie, et surtout, la manière, nouvelle, d'écorcher les mots.

-Officiel, officiel, oui et non...

J'avais murmuré pour moi en me relevant. Je me retournais pour prendre les boissons nécessaires à ton shooter, supposant qu'il faudrait te resservir. Je les posais délicatement sur le bar.

- Ca m'fait passer l'temps. On s'fait tellement chier en même temps, qu'est-c'tu veux faire d'autre ? Au moins, ça fout la rage et t'as l'impression d'vivre. Un peu comme un chien qui s'débat alors qu'il est sur le point de crever. Les animaux en fait, ils ont cet instinct qui fait qu'ils se débattent jusqu'à la mort.

-Les animaux se battent avec bien plus de force et de technique que nous... Tu savais que les loups on assez de force dans la mâchoire pour t'arracher bras, jambes et tête en même temps ? Ils nous dépassent. J'apprécie vraiment les loups, ils savent comment se faire respecter d'un simple les gestes. Enfin, les Alphas, surtout. Mais bon.

Je restais un instant pensive et souris a ta dernière question.

- Tu t'bats toi ?

-D'après toi.

Jamais de réponse claire à cette question.

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