Tout était noir. Lentement, je me sentis revenir à moi. J'étais frigorifié. Mon corps entier semblait recouvert d'un long voile glacé. Je gardai les yeux fermés encore un peu. Mes doigts s'étaient enfoncés dans une matière granuleuse. Un son strident retentit soudain près de moi. Je connaissais ce son, c'était celui que produisaient les mouettes. J'ouvris lentement les yeux.
J'étais allongé sur ce qui ressemblait à une plage. Le côté gauche de mon visage reposait sur un sable fin et granuleux. Mes vêtements me collaient à la peau. La sensation était vraiment désagréable. J'étais trempé et j'avais froid. Je me relevai doucement en m'appuyant sur mes coudes. Je tentai de m'asseoir. C'est alors qu'une vive douleur me frappa au niveau du front et des cervicales. J'approchai une main tremblante et couverte de sable mouillé près de ma nuque. Du sang. Je saignais. Pas beaucoup cependant. Sans plus me préoccuper de ça, j’essayai de me mettre debout. Je réussis une première fois...pour m'effondrer aussitôt. Depuis combien de temps étais-je inconscient, visiblement seul sur cette plage déserte? En y regardant de plus près, l'endroit semblait accueillant. L'eau de la mer scintillait de temps à autre sous l'effet du soleil. Des mouettes traçaient de grands cercles loin au-dessus de moi. Je décidai de faire quelques pas. Mes chaussures étaient pleines de sable. Je les enlevai. Je me retrouvais bientôt pieds nus. Je vis quelque chose scintiller sur le sol duveteux. Tandis que je me penchais pour mieux voir, quelqu'un m'interpella...

Il faisait beau, il faisait doux grâce au vent qui soufflait légèrement. C'était ce genre de temps que j'aimais. Celui qui me permettait de me déplacer sur l'île sans souffrir de chaleur, ou pire, de froid.
Je m'étais levé ce matin de bonne humeur, assez tôt pour que je puisse passer par "mon" chemin avant d'arriver à l'université.
Ce chemin je l'avais découvert au cours de mes petites promenades sur l'île. Mes petites promenades solitaires.
En sortant de l'internat je passais à travers le petit bosquet qui nous faisait face pour arriver progressivement sur la plage. Celle ci ressemblait plus à une crique d'ailleurs. Je n'y avais jamais vu personne. Je l'aimais beaucoup. La lumière ici était assez particulière, et puis c'était un peu comme le seul endroit où je pouvais être seul avant de me retrouver de nouveau entouré de personnes.

Je me dirigeais vers la crique, doucement pour profiter de la brise, pour m'habituer au changement progressif de lumière. Et puis j'avais encore du temps avant d'aller en cours. D'ailleurs je n'avais même pas envie d'y aller, en cours.

Je débouchais enfin sur le sable fin. Sans regarder devant moi j'enlevais mes chaussures. Des petites basket en cuir. Marron virant vers le bordeaux. Elles tenaient la route, ça faisait un moment que je les avais.
En relevant la tête, je pu apercevoir une ombre. Je relevais un peu plus la tête pour découvrir un homme.
Il était grand et de dos. Il était apparemment trempé. Et... Et du sang coulait de sa nuque.

- Monsieur !? Vous allez bien ?!

Sans réfléchir je mettais levé et l'avais interpellé. La nuque c'est important. Si quelqu'un saigne de la nuque c'est forcément grave, si ça se trouve il avait été gravement blessé et pouvais d'un moment à l'autre tomber dans les pommes et finir tétraplégique.

Pris de surprise, je tombai à la renverse. Oui, quelqu'un m'avait bien interpellé. Le choc provoqué par la chute de mon corps raviva ma douleur à la nuque. Ma vision se brouilla légèrement pour laisser place à un défilé de petites lumières pareilles à de minuscules étoiles filantes tournoyant devant mes yeux. Je me pris la tête dans les mains et fixa le sol jusqu'à ce que l'illusion disparaisse. Mon regard se fixa sur des chaussures en cuir aux teintes violines. Je relevai alors complètement la tête. Un jeune homme se tenait devant moi, l'air inquiet. Cette réaction avait dû être provoquée par la vue du sang qui s'échappait de ma blessure.

-Euh...je.... Oui, je...vais bien!

Ma vision s'était un peu éclaircie. Cet endroit n'était pas si désert que ça en fin de compte. Mais où avais-je donc atterri? Même en y réfléchissant, la situation m'échappait complètement. La ville dans laquelle j'habitais n'était pourtant pas située au bord de la mer. Réfléchir. Il me fallait réfléchir.... Ah mais bien sûr! Tout ceci ne devait être qu'un rêve tout au plus très réaliste. J'avais été tellement surmené ces derniers temps...
Je me mis à rire à l'idée que mon inconscient était vraiment plein de mystères. J'arrivais à ressentir la douleur, le froid.... Je me mis de nouveau debout. Le jeune homme était toujours posté devant moi. Il ne ressemblait à aucune personne de ma connaissance. L'avais-je donc imaginé? Intrigué, je m'approchai et toucha son épaule du bout des doigts. Mes doigts entrèrent en contact avec son habit. J'arrivais à sentir sa peau! Je reculai soudainement et tomba pour la énième fois par terre. J'étais maintenant mort de peur.

-Vous...vous... Vous êtes... Qu'est-ce que vous êtes?

L'homme tomba de surprise, en se redressant il semblait perdu, et avait un regard vague, un peu dans les vapes.
Finalement il releva la tête vers moi pour me lancer qu'il allait bien.
Pourtant il n'en avait pas l'air. Il saignait, était trempé et paraissait complément perdu. Mais d'abord, comment était il arrivé ici ? Je pensais que moi seul connaissais cet endroit. Je n'en avais parlé à personne, même pas à mes colocataires.

Soudain l'homme se mit à rire et se mis debout tant bien que mal. Ce rire me fit un peu peur, pourquoi riait il ? Il était blessé à la nuque et il riait ? Étrange personnage...
Il s'approcha et toucha mon épaule. Ce qui le fit reculer et tomber à la renverse une énième fois. Dans ces yeux venait de naître la lueur de la peur.
Était ce moi qui lui faisait peur ainsi ? Je n'avais pourtant pas l'impression d'être très menaçant !

-Vous...vous... Vous êtes... Qu'est-ce que vous êtes?

Comment ça qu'est ce que je suis ? Ouh, comme je le pensais, le choc à la nuque n'avait pas été sans conséquences, ce pauvre homme ne savait même plus reconnaître un humain !

-Et bien, je suis comme vous, un être humain. Mais vous êtes vraiment sûr que vous allez bien ? Vous avez l'air... Enfin, vous avez pas l'air dans votre assiette.

Je m'accroupissait pour me mettre à sa hauteur et lui sourit pour tenter de le rassurer.

Des sentiments contraires naquirent en moi. Je n'étais donc pas en train de rêver? La personne qui se tenait en face de moi était donc faite de chair et de sang. Mais alors... Si je ne rêvais pas...Où étais-je? Que s'était-il passé?!
Le jeune homme s'était accroupi et était maintenant à ma hauteur, un sourire éclairant son visage. Ce sourire, je ne sais comment, réussi à me calmer un peu. Le garçon portait des lunettes. Il avait tout de l'étudiant type. J'essayai d'ordonner mes idées. Ce jeune m'avait interpellé et maintenant avait l'air soucient de mon sort... Il avait tout d'une personne normale. Je sentais le vent effleurer mon visage, mes vêtements trempés s'agripper à mon corps comme s'il était impossible qu'ils me relâchent, le soleil dans mon dos... Je sentais tout, j'entendais le remous des vagues, le cri des mouettes, celui de ma respiration, la voix du jeune homme...

-Et bien, je suis comme vous, un être humain. Mais vous êtes vraiment sûr que vous allez bien ? Vous avez l'air... Enfin, vous avez pas l'air dans votre assiette.

Je n'avais pas répondu tout de suite. Je me sentis alors un peu bête...

-Euh...Oui, je... Je suis un peu sonné. Je... Je ne comprends vraiment rien. Comment suis-je arrivé ici? Où sommes nous exactement?

L'homme continuait de me regarder, moins méfiant, plus calme. Il regardait autour de lui.
Je fis de même.
Ici, les vagues étaient douces, pas impétueuses. C'était une mer accueillante, douce, comme si elle allait prendre soin de nous. A cette réflexion je me souvins d'une autre mer. Impossible de replacer l'endroit exact mais le souvenir d'une expérience désagréable seulement.
Cette mer là était dure. Violente. Comme si elle voulait nous avaler, en permanence.
La plage à cet endroit là avait une pente abrupte qui continuait sous l'eau. Mais à partir d'un mètre soixante, le fond était plat. Il était facile d'aller dans la mer, mais pour en sortir c'était un autre histoire.
La mer nous retenait, elle nous obligeait à nous accroupir aux abords de la pente pour remonter. Mais l'eau, lorsque que nous sommes accroupis arrive bien plus facilement au dessus de notre tête. Et là c'est comme vivre une semi noyade. L'eau nous empêche de respirer, elle ruisselle sur notre dos nous tirant vers le bas, vers elle, vers l'eau.
Si personne ne vous aide à ce moment là, il vous es impossible de vous relever.
La force de la mer c'est quelque chose d’impressionnant.
Mais cette mer là n'était pas comme ça, elle était bienveillante, à l'image de l'homme qui me semble t'il, elle venait de déposer au vu de ses habits mouillés, ses cheveux pleins de sable et son visage déboussolé.

-Euh...Oui, je... Je suis un peu sonné. Je... Je ne comprends vraiment rien. Comment suis-je arrivé ici? Où sommes nous exactement?

Sa réponse me sortit de mes pensées.
Il était vraiment perdu. Comme s'il avait fait un long voyage endormi et c'était soudainement retrouvé ici.
C'était à mon tour d'être perdu. Il est vrai qu'il ne me semblait pas que l'île ai une quelconque attache avec l’extérieur mais... Enfin, comment avait il pu se retrouver ici ?

- Et bien, je suis aussi... Perdu que vous... Enfin, ici c'est une île, Edna, et à ce que je sais il est absolument impossible de l'atteindre.. Par n'importe quelle voies, c'est impossible... Excusez moi mais... D'où venez vous exactement ?

Il fallait que j'en ai le cœur net, si ça se trouve, cette personne venait de "l’extérieur", de là où il nous était impossible d'aller. Ce monde extérieur que j'avais tellement envie de découvrir.

- Et bien, je suis aussi... Perdu que vous... Enfin, ici c'est une île, Edna, et à ce que je sais il est absolument impossible de l'atteindre.. Par n'importe quelle voies, c'est impossible... Excusez moi mais... D'où venez vous exactement ?

Tout en répondant cela, une lueur étrange s'alluma dans les yeux du garçon. Qu'était-ce? On aurait dit de la nostalgie... J'en étais sûr maintenant. Il était bien réel, j'étais bien réel... et cette île l'était tout autant. Edna... Edna... Une île du nom d'Edna... L'île d'Edna... Ce devait être encore l'un de ces noms d'île quasiment inconnues et perdues en pleine mer. Je ne sais pourquoi, la situation commença à m'énerver. Jamais je n'avais entendu parler de cette île, n'avais pas le souvenir d'avoir embarqué pour une destination inconnue les jours précédents, n'avais même pas le souvenir d'avoir pris de vacances depuis un bon moment.... Rah... Décidément c'était incompréhensible! Et qu'est-ce qu'il me racontait celui-là? Une île impossible à atteindre? Les jeux vidéos arrivent encore à faire des ravages...

-Bon, écoute euh... Comment tu t'appelles?

-Bon, écoute euh... Comment tu t'appelles?

Le monsieur avait complètement éluder ma question pour m'en poser une autre. Peut être ne voulait il pas parler de l’extérieur ? Si ça se trouve, il ne voulait pas partager certaines informations avec un inconnu ce que je comprenais, puisque j'aurais fait de même.

-Noah. Je m'appelle Noah. Je suis étudiant sur l'île. Et vous ? A défaut de me dire d'où vous venez, donnez moi votre nom !

Je dis cette dernière phrase en souriant de nouveau.
Je ne sais pas pourquoi mais trouver un inconnu venant d'ailleurs et ne connaissant pas l'île me plaisait beaucoup ! Je me sentais comme un explorateur anthropologiste, cherchant les vestiges d'une civilisation disparue auprès du seul et unique survivant. Seul et unique survivant pas vraiment coopératif pour le coup, mais j'ai le temps !

-Noah. Je m'appelle Noah. Je suis étudiant sur l'île. Et vous ? A défaut de me dire d'où vous venez, donnez moi votre nom !

Étudiant? Je m'en doutais. D'où je venais? Comment aurais-je pu lui répondre? Comment aurais-je pu lui expliquer que je ne venais pas de cette île? Comment aurais-je pu lui faire comprendre que je n'avais jamais entendu parler d'une île appelée Edna? Comment enfin aurais-je pu lui faire comprendre que malgré le fait que je ne savais pas où j'étais, je n'avais certainement pas atterri sur cette île par magie? Quelque chose devait m'échapper, c'était certain...

-Je m'appelle Elias Maxwell, je suis professeur d'université, et je peux t'assurer que je n'ai absolument rien à faire ici. Écoute... Noah. Je ne comprends pas ce que je fais là. Ne me demande même pas ce que je fais sur cette plage, je ne me souviens de rien. Est-ce que tu saurais où je peux trouver un téléphone? Il faut que j'appelle...

J'hésitai un instant. J'étais perdu au milieu de nulle part, toutes mes affaires passées je ne sais où. Je ne connaissais qu'un seul numéro de portable par cœur.

-Je dois appeler ma femme, tout de suite.

-Je m'appelle Elias Maxwell, je suis professeur d'université, et je peux t'assurer que je n'ai absolument rien à faire ici. Écoute... Noah. Je ne comprends pas ce que je fais là. Ne me demande même pas ce que je fais sur cette plage, je ne me souviens de rien. Est-ce que tu saurais où je peux trouver un téléphone? Il faut que j'appelle...

Ce monsieur n'avait vraiment pas de chance d'être tombé sur moi. N'importe quel étudiant aurait eu un portable qu'il aurait pu utiliser, mais pas moi. Je n'aimais pas la perte de liberté qu'impliquait un portable. Des gens toujours capable de me joindre, n'importe où et à n'importe quelle heure, non merci.

-Je dois appeler ma femme, tout de suite.

-Alors je vous mène tout de suite à l'internat où nous avons le téléphone. Mais je ne suis pas sûr que le téléphone passe pour appeler votre femme qui apparemment n'est pas sur l'île... Enfin allons y, qui ne tente rien n'a rien !

Je disais ça comme pour lui donner un peu d'espoir, il avait vraiment l'air inquiet pour sa femme. Je ne savais pas vraiment ce que c'était d'être inquiet pour quelqu'un. Je ne m'étais jamais vraiment attaché à personne, et donc ne m'étais jamais vraiment inquiéter pour personne. Néanmoins je comprenais qu'il se fasse du souci pour la personne qui lui était chère.

-Suivez moi, dis je en m'enfonçant à travers les arbres pour rejoindre la route menant à l'internat.

[à partir d'ici je pense que l'on peut fermer ce rp et continuer du coté de l'internat non ?]